Projet de loi ASAP

Les groupements accusent le coup

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Publié le 17/02/2020
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Une semaine après la présentation du projet de loi sur l’accélération et de la simplification de l’action publique (ASAP) et d'un article relatif à l’assouplissement des conditions de la vente de médicaments en ligne, plusieurs groupements s'insurgent.

Entre colère et consternation, des présidents de groupements analysent le projet de loi sur l’accélération et de la simplification de l’action publique (ASAP), et plus particulièrement son article 34 relatif à l’assouplissement des conditions de la vente de médicaments en ligne.

Ainsi, Lucien Bennatan, président de Pharmacie Référence Groupe, s’interroge sur l’apport supplémentaire, voire complémentaire, que le gouvernement souhaite défendre au travers de l’article 34 : « En ouvrant la porte à la préparation des commandes en dehors de l’officine, via un stock déporté, le gouvernement est en marche vers une libéralisation plus forte, non avouée et non assumée de la pharmacie. » Avec des dérives qu'entrevoit Lucien Bennatan : « Une pratique mal encadrée qui encourage les Français à consommer des médicaments, qui considère le médicament comme une marchandise de grande distribution sans aucune traçabilité des médicaments. » Sans compter la création d'un environnement concurrentiel « totalement inégalitaire et déséquilibré pour la pharmacie, déplore-t-il, alors que le gouvernement devrait s’atteler davantage à renforcer et clarifier le rôle des pharmaciens, (…) notamment dans la prise en charge des soins de premiers recours ».

Serge Carrier, directeur général de Pharmactiv, s’inquiète de son côté de l’approche « réductrice » de l’article 34 « qui engage l’accès au médicament dans une voie incertaine ». Il estime que la vente en ligne ne fait pas partie des priorités, alors que « d’autres chantiers, audacieux, sont à mener pour fluidifier l’expérience des patients et rendre possible l’e-pharmacie ». En résumé, « le numérique à l’officine, oui, mais pas n’importe comment ! »

Tous deux s’accordent pour rappeler, comme Maxime Fouché, directeur général de Réseau Santé, que la vente en ligne de médicaments n’est pas une préoccupation des Français. Les trois groupements en veulent pour preuve les résultats d’une enquête qu’ils avaient commandée conjointement à Harris Interactive en mars 2019*. Seulement 38 % des Français s'étaient déclarés favorables à la vente de médicaments sur Internet par des sites spécialisés, contre 51 % sur des sites mis en ligne par des pharmaciens eux-mêmes.

* Sur un échantillon de 1 022 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus.

Marie Bonte

Source : lequotidiendupharmacien.fr