Saga familiale à Compiègne

Les Ginestet, héritiers de 90 ans de tradition officinale

Publié le 02/07/2009

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Il est rare que deux frères fêtent les 90 ans de l’officine familiale. C’est le cas des Ginestet, à Compiègne. Mais la saga familiale va sans doute s’arrêter avec eux.

Michel et Jean-Pierre Ginestet, près d’un siècle de tradition officinale à Compiègne.
Crédit photo : dr

« ON A UN NOM », admet modestement Michel Ginestet, pharmacien à Compiègne (Oise), dont la famille fêtait, le 28 juin, le 90e anniversaire de l’officine. Le grand père maternel, Daniel Haury, venant de Cambrai, avait racheté cette officine et l’avait tenue jusqu’à sa mort, en 1928. Son gendre, Jean Ginestet lui avait succédé, jusqu’en 1975 (47 ans de longévité professionnelle !), quand, à 72 ans, il avait confié les clés à ses deux fils. Jean-Pierre et Michel Ginestet ont donc repris l’officine le 1er juillet de cette année-là, jusqu’en novembre 1998, date à laquelle Jean-Pierre prend sa retraite. Michel Ginestet maintient le flambeau depuis, avec une associée, Pascale Guéant. L’officine de la rue Solferino, l’axe principal de la ville qui relie le pont de l’Oise à la mairie, n’a guère bougé depuis ce temps. Les Allemands ont eu beau avoir bombardé la ville, en 1940, la pharmacie était restée debout. Il a fallu la venue d’Hitler au wagon de la forêt de Rethondes, pour signer avec Pétain l’Armistice, pour que ce qui restait de la rue Solferino soit passé au lance-flammes.

En 1953-1954, la pharmacie de Jean Ginestet fut enfin reconstruite, le propriétaire s’étant installé non loin depuis la destruction de son magasin. À Compiègne, la pharmacie Ginestet est une institution. « Plusieurs de nos clients sont âgés de plus de 90 ans, et ont toujours fréquenté la pharmacie », raconte Michel Ginestet, qui confie que son autre grand-père, un Ginestet donc, était également pharmacien, mais à Vichy.

Pour cet anniversaire, les portraits des titulaires, et des objets anciens de pharmacie, dont Jean-Pierre Ginestet est collectionneur, ornent les vitrines. Un pot a réuni les médecins et les commerçants du quartier, et des cadeaux ont été offerts aux plus anciens clients. Mais la saga s’achève. « Mon enfant a mal tourné, observe Michel Ginestet, il est devenu médecin ! » Ses neveux non plus ne reprendront pas l’affaire, ils se sont orientés vers d’autres horizons professionnels. Seul subsistera sans doute le nom.

Légende photo : Michel et Jean-Pierre Ginestet, près d’un siècle de tradition officinale à Compiègne.

JACQUES GRAVEND