Au Canada, comme dans de nombreux pays, les préoccupations climatiques réveillent les consciences. À Montréal, les initiatives sont nombreuses, tant dans la sphère privée que professionnelle. Ainsi des pharmaciens québécois s'engagent pour des officines plus respectueuses de l'environnement. Certains choisissent l'engagement en solo, comme celui de Sarah Fizazi, titulaire montréalaise qui a développé des flacons en verre réutilisables ; d'autres préfèrent recourir à des entreprises spécialisées telles Maillon Vert ou EcoloPharm.
Pour bien comprendre la démarche de Sarah Fizazi, il faut savoir que dans les pharmacies communautaires québécoises, les traitements sont individualisés et chaque médicament est délivré à l'unité. Chaque mois, le patient se voit ainsi remettre un pot contenant le nombre exact de comprimés en fonction de sa posologie. Un pot contient un principe actif, un médicament. La plupart du temps, ces fioles sont en plastique et à usage unique. Ce sont ainsi des centaines de millions de fioles qui sont jetées chaque année, rien qu'au Canada.
Diminuer l'empreinte environnementale
Face à ce constat et à l'urgence climatique, Sarah Fizazi a décidé d'agir. Diplômée depuis plus une dizaine d'années, elle s'est installée dans une petite pharmacie dans le quartier de Rosemont - La Petite Patrie à Montréal. Son premier projet ? Réduire la quantité de déchets en plastique que sa pharmacie peut produire et diminuer ainsi son empreinte environnementale. Avec cet objectif, Sarah Fizazi propose désormais à ses clients d'utiliser des fioles réutilisables, baptisées « fioles vertes », pour la majorité des médicaments qui le permettent. Ces fioles sont en verre, réutilisables à l'infini. Fabriquées par une entreprise québécoise, elles sont adaptées à la conservation des médicaments. Chaque patient qui l'accepte se voit remettre deux sets de pots. Il devra au préalable signer une entente écrite avec la pharmacienne. Sarah Fizazi insiste sur le fait que les patients doivent comprendre l'importance de la désinfection des pots et les invite donc à s'y engager au travers de cette entente écrite.
La stérilisation est simple : la fiole doit être portée à ébullition après chaque utilisation, soit une fois par mois. Les deux pots sont achetés à petit prix à la pharmacie par le patient et ramenés propres chaque mois, afin de les remplir à nouveau. Son projet a débuté le 9 octobre, et les retours reçus sont déjà très positifs. Certains patients se sont même déplacés exprès jusqu'à sa pharmacie pour participer et soutenir son initiative. D'autres projets sont à venir, confie Sarah Fizazi, qui ne souhaite pas en dire plus pour le moment. Elle espère déjà que son « mouvement fiole verte » convaincra d'autres pharmacies à lui emboîter le pas.
Une démarche écologique qui profite à l'économie
D'autres officines suivent le même mouvement mais aidées par une entreprise. Cette entreprise, c'est Maillon Vert. Créée par Marc-André Mailhot, pharmacien de formation, Maillon Vert a élaboré un programme de développement durable adapté à la pharmacie. Elle accompagne ainsi les pharmacies dans leur transition écologique qui peut s'avérer un peu abstraite au début. « L'idée de la démarche c'est qu'elle soit profitable économiquement en plus d'avoir des impacts écologiques et sociaux », explique Marc-André Mailhot. Son programme s'articule autour de l'implication des employés et de la communauté, de la gestion des déchets, de la réduction de la consommation d'énergie, et de la gestion des transports. Marc-André Mailhot propose de réaliser des économies jusqu'à 45 000 $ (soit près de 31 000 euros) par an en moyenne. D'après Maillon Vert, « 25 % des clients sont prêts à changer pour une pharmacie plus "verte" qui offrirait les mêmes services. Et plus de 50 % d'entre eux changeraient même si la pharmacie était plus loin ». Chaque officine est analysée, puis un plan d'action spécifique est proposé. Aujourd'hui Maillon Vert accompagne plus d'une dizaine de pharmacies montréalaises, et cherche à s'étendre jusqu'à Québec.
Emballages écoresponsables
Plus proche, par l'esprit, de l'initiative de Sarah Fizazi, l'entreprise EcoloPharm développe, elle, des emballages écoresponsables pour la pharmacie. Un processus écologique qui débute dès l'obtention des matières premières jusqu'au produit fini, et recherche la plus faible empreinte carbone à chaque étape du circuit de conception. La difficulté en pharmacie réside dans le fait que, même en cherchant à réduire le plastique et les matières résiduelles, il est difficile d'éviter le recours aux emballages et souvent même aux emballages à usage unique, visant à garantir la sécurité et la salubrité de nos médicaments. Et c'est là l'ambition d'EcoloPharm : offrir aux officines la possibilité de réduire leur empreinte carbone par l'utilisation d'emballages écoresponsables et 100 % recyclables. La fiole Ecolo-Vial est un des produits phares de l'entreprise. Totalement recyclable et en un seul morceau (pas de perte du bouchon), elle est composée de polypropylène, matériau non toxique pour la santé et l'environnement. De même que le pilulier Eco-Pill. Puisque le recyclage ne suffit plus, la réponse se trouve peut-être dans l'écoconception.
Au Québec, les changements de comportements face au défi climatique mobilisent clairement la pharmacie. Mais pas seulement. Ainsi, comme le dit Sarah Fizazi : « La transition se fera rapidement et efficacement si les professionnels de chaque domaine font l'effort d'analyser leurs vieilles habitudes avec un regard critique. »
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion