BEAUCOUP d'entre vous doivent se souvenir de ce légendaire sketch des Inconnus, « Télé Magouilles » (« avec Télé Magouilles on en a plein les fouilles… »), parodie de jeu télévisé style Questions pour un Champion, avec un animateur en veste argentée, presque normal, et deux candidats farfelus, Mamadou, marabout, adepte de sport, et Véronique, 26 ans, future caissière à Mammouth, qui aime la grande musique en général et Stéphanie de Monaco en particulier. Vous voyez de qui je veux parler ? Celle qui appuie sur son buzzer imaginaire et répond presque invariablement aux questions par un délirant « Stéphanie de Monaco ! », même et surtout quand ça n'a rien à voir avec la princesse chanteuse (« pouvez répéter la question ? »).
À la Centrale, ça se passe presque invariablement comme ça, depuis quelque temps. Il y a un problème quelque part, un besoin particulier, un manque de personnel à compenser, une tâche dont personne ne veut se charger, une erreur dont on n'a pas le responsable ? La réponse fuse, inévitable, comme un refrain. « Les filles du labo ! » Normalement, c'est nous toutes, les filles du labo, quatre préparatrices et trois pharmaciennes. Mais dans cette expression, ça désigne exclusivement les préparatrices. Par une sorte de notion hiérarchique mal placée, hésiterait-on à nous désigner, nous les pharmaciennes, par le mot « filles » alors que deux sur trois sont plus jeunes (bon d'accord, pas moi) que nos collègues préparatrices ?
Le service des dispositifs et implants médicaux, contrairement aux autres services, qui ont des moments de calme, des moments d'activité normale et des moments de grande activité, semble ne jamais pouvoir être à jour dans quoi que ce soit. Apparemment ça tiendrait plutôt à une mauvaise ambiance de travail, mais on a proposé « là-haut » que « les filles du labo ! » viennent aider chacune à son tour une fois par semaine, alors qu'elles ne connaissent rien à cette dispensation bien particulière. Une préparatrice, dans un autre service, étant en congé de maternité, et sa remplaçante ne faisant finalement pas l'affaire à cause d'une incompatibilité d'humeur, c'est vers « les filles du labo ! » que l'on se tourne en attendant le retour de la jeune maman.
Une autre a des problèmes de garde pour son bébé et veut travailler à 90 %. Pour qui, les 10 % qui restent ? « Les filles du labo ! ». Un médecin se trompe dans sa prescription pour des poches de nutrition parentérale, son interne inverse des noms de malades, il y a un certain cafouillage pendant que l'on essaie de démêler l'imbroglio. On blâme « les filles du labo ! », pas assez vigilantes, manque de concentration… Jusqu’à l'élucidation de l'énigme qui les innocente complètement (et un ballotin de chocolats en guise d'excuses).
Dans le jeu télévisé Jeopardy ! à partir de réponses, les candidats doivent trouver la question correspondante. Si la réponse était « les filles du labo ! », la question correspondante serait « qui réalise consciencieusement les poches de nutrition parentérale pédiatriques et adultes, fait soigneusement toutes les préparations dites hospitalières, et aimerait sincèrement être désigné pour s'occuper de la reconditionneuse au lieu d'être envoyé pour boucher des trous à droite à gauche ? ».
Pour la reconditionneuse, c'est pas gagné d'avance…
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