ROMANCIER autant que nouvelliste, Georges-Olivier Châteaureynaud a obtenu le prix Renaudot 1982 pour « la Faculté des songes » et le Goncourt de la nouvelle en 2002 pour « Singe savant tabassé par deux clowns ». Avec « le Corps de l’autre » (1), il nous régale d’un roman qui s’appuie sur le réalisme fantastique et qui, malgré l’invraisemblance de son postulat, nous tient en haleine jusqu’au dénouement.
Le héros, Louis Vertumne, est un vieil homme malade, divorcé et sans enfant, et surtout aigri ; tenant la chronique littéraire d’un grand quotidien depuis des décennies, il est surnommé « l’atrabilittéraire » ou « le dénigreur ». N’ayant aucune sympathie ni pour ses semblables ni pour le monde, qu’il considère en perdition, il n’aurait eu, le soir où un skinhead l’a poignardé pour le racketter, aucun regret de partir, si ce n’est de n’avoir laissé l’œuvre de sa vie. Mais notre auteur en a décidé autrement en faisant sienne une croyance indienne du Mato Grosso selon laquelle une victime qui regarde avec intensité son meurtrier au moment de mourir prend la place de celui-ci tandis que le tueur meurt.
Voilà donc le septuagénaire dans la peau d’un voyou de 20 ans qui s’appelle Donovan Dubois et habite La Courneuve. Comment l’intellectuel nanti va-t-il s’en sortir ? Avec Julia, la copine de Donovan prête à se réconcilier au lit d’on ne sait quelle dispute, avec le grand frère et le père agonisant, avec les copains, autres petites frappes qui l’entraînent dans un casse...
C’est là que Louis/Donovan va « se casser » et commencer une – encore ! – nouvelle vie. En devenant cette fois le gigolo d’une incroyable Poppée, professeure de latin, alcoolique et nymphomane. Comme il n’est de service que la nuit, il songe sérieusement à mettre en route la fameuse œuvre qu’il livrera à la postérité. Mais le destin est tortueux et, pour lui, l’aventure n’est pas terminée...
Pour le lecteur non plus, heureusement, qui suit ces tribulations mâtinées de réflexions sur l’écriture avec un plaisir certain.
Une faussaire de l’amour.
Récompensé par le prix Goncourt en 1994 pour son roman « Un aller simple », Didier van Cauwelaert s’est aussi lancé dans une drôle d’aventure avec « les Témoins de la mariée » (2). Le livre aurait pu n’être qu’un vaudeville, c’est un agréable divertissement entre suspense et sensualité, où le machiavélisme amoureux agit comme un révélateur.
Hermann, Lucas, Jean-Claude et Marlène sont les meilleurs amis de Marc ; ils lui ont promis d’être ses témoins de mariage. Or, cinq jours avant la cérémonie, Marc se tue dans un accident de voiture. Ils ne savent rien de la fiancée qui ne sait rien de la disparition de son futur époux, si ce n’est son prénom, qu’elle vient de Chine et le numéro de son vol. Les voilà à l’aéroport... et rien ne se passe comme ils l’imaginaient.
La fade jeune fille effacée s’est transformée – merci la chirurgie – en une poupée pulpeuse parlant la langue de Molière avec charme... grâce aux cours intensifs du consulat de la Confédération helvétique. Mais, surtout, connaissant le CV de chaque comparse sur le bout des doigts, il lui suffit de quelques heures pour les séduire, au sens propre et au figuré selon les cas, et apporter à chacun le petit rayon de lumière qui lui manquait.
Sait-elle, sans le dire, que Marc est décédé et veut-elle ainsi se faire adopter par le quatuor ? Est-elle une affreuse manipulatrice qui n’en veut qu’aux biens du défunt ? Ou bien son attitude n’est-elle qu’innocente candeur ? Didier van Cauwelaert nous laisse ruminer, jusqu’à l’ultime vérité qui va laisser pantois les témoins de la mariée... et nous aussi !
(2) Albin Michel, 250 p., 19 euros.
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