Ça y est, votre patient a accepté de faire un bilan partagé de médication (BPM). Vous lui avez indiqué l’objectif de ce bilan : « Nous allons recenser les médicaments que vous prenez, ceux qui ont été prescrits par votre médecin, mais aussi les autres. » Et vous avez ajouté : « Ensuite, je pourrai vous réexpliquer leur intérêt si vous le souhaitez, et vérifier avec vous qu’aucun médicament ne vous pose de problème. »
L'entretien de recueil
Le premier entretien, ou « entretien de recueil », dure 30 minutes environ. « Il ne doit pas s’étendre plus », prévient Marine Thierry Duriot, adjointe en Seine-et-Marne et formatrice, qui préconise d’annoncer à l’avance au patient sa durée. Avant l’entretien de recueil, vous demandez au patient d’apporter tous les médicaments qu’il a à la maison : ceux sur ordonnance, mais aussi ceux qu’il utilise en automédication, la phytothérapie, les compléments alimentaires, ainsi que ses bilans biologiques. Vous pourrez ainsi évaluer l’automédication et prendre en compte toutes les interactions médicamenteuses, qui peuvent notamment être nombreuses avec la phytothérapie.
Lors de l’entretien, l’objectif est de faire parler le patient de son traitement : on place toutes les boîtes sur la table et on lui demande d’expliquer à quoi sert chaque médicament. « Souvent ils connaissent bien l’utilité du Témesta, mais moins bien celle des médicaments pour le diabète ou l’insuffisance cardiaque ! », observe Marine Thierry Duriot. De plus, on cherche à savoir comment il ressent sa maladie, quel est son mode de vie, ses craintes. « Cela permet de mieux comprendre les points de non-observance », relève Eric Ruspini, titulaire en Meurthe-et-Moselle.
L'analyse des traitements
Dans un deuxième temps, une analyse des traitements est effectuée en l’absence du patient, en tenant compte de tout ce qu’il a confié lors de l’entretien de recueil. Certains officinaux redoutent que cette étape mette en jeu leur responsabilité. « Une crainte bien inutile, estime Eric Ruspini, car nous réalisons déjà ce travail au comptoir. Cela ne change rien en termes de responsabilité ! De plus, le BPM n’est pas un travail dans l’urgence : on n’est pas là pour détecter une interaction majeure, qui aurait d'ailleurs été repérée au comptoir. Le BPM permet de discuter avec le patient, afin d'évaluer la qualité de son observance, son risque de chute, etc. »
Ensuite, de nombreux outils viennent faciliter l’analyse : le « Thériaque » pour les interactions, le site « GPR » pour estimer la fonction rénale, le guide « PAPA » (prescriptions médicamenteuses adaptées aux personnes âgées), etc.
L'analyse des prescriptions fera l'objet d'une synthèse qui sera transmise au médecin. Elle doit être succincte. On donnera quelques éléments clés au médecin, en partant du problème du patient (qui ne met pas ses patchs à la trinitrine, par exemple), et en lui proposant des solutions pour améliorer l'adhésion thérapeutique. Il ne faut pas hésiter à commencer par un médecin avec lequel on s’entend bien.
Entretien conseil et suivi d'observance
Troisième étape : on programme un entretien conseil qui sera très court (15 à 20 minutes) et qui aura pour but de transmettre un ou deux messages simples au patient afin qu’il les retienne. « Par exemple, comment bien utiliser les bandelettes pour un diabétique, ou un inhalateur pour un patient BPCO, établir un plan de posologie, bien boire durant la journée », illustre Marine Thierry Duriot. On pourra ensuite revoir le patient (entretien de suivi) pour vérifier que ces conseils ont bien été mis en place.
Enfin, le bilan sera déclaré sur le site ameli.fr, qui est malheureusement le point noir du dispositif. « Le site est chronophage et inadapté, on est bloqué pour des histoires de date ou de rang », déplore Eric Ruspini, qui demande une refonte totale du système.
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