Il est logique que le gouvernement s'attaque en premier lieu à la loi de moralisation de la vie publique. Elle renforcera la légitimité du pouvoir et elle sera plutôt facile à mettre en place car aucun parti, fût-il le plus hostile au président et à son équipe, n'osera en contester le contenu. Elle aura aussi l'avantage de donner au gouvernement une sorte de répit avant les deux tâches accablantes qui l'attendent, c'est-à-dire la loi Travail et la réforme de l'Union européenne. Emmanuel Macron ne peut pas proposer sa réforme du travail sans avoir la légitimité qu'il attend des élections législatives et sans avoir fixé durablement la composition de son équipe. Un exemple : parmi ses ministres, Bruno Le Maire est candidat dans l'Eure et, s'il est battu, il devra quitter le gouvernement, en vertu d'une règle implacable édictée par le président. Or M. Le Maire occupe une fonction d'importance capitale puisqu'il a la responsabilité de l'économie.
Pour l'emploi, M. Macron doit aller vite. Jamais la notion des cent premiers jours n'a été aussi vraie que dans le cas de ce président. En effet, s'il ne veut pas s'embourber dans des discussions interminables avec les partis et les syndicats, il doit se lancer dans une action fulgurante. De partout, on lui conseille de bien préparer son coup, c'est-à-dire d'associer le plus grand nombre de forces syndicales à son projet. Il a promis de les consulter sérieusement, ce qui veut dire qu'il ne se contentera pas de les écouter mais d'essayer d'inclure dans sa loi un certain nombre de leurs idées. Mais personne n'ignore le fossé existant entre les thèses présidentielles et celles des syndicats, CFDT comprise, plus particulièrement sur la flexibilité du travail. Le voilà donc contraint de consacrer un temps précieux à la discussion et, en même temps, de tenter de changer les règlements régissant le travail en France avant la rentrée. C'est à la fois difficile et nécessaire, parce que, pour le pouvoir, il s'agit d'éviter une crise sociale comparable à celle qui a éclaté en France en 1995 pour faire obstacles aux réformes du Premier ministre de l'époque, Alain Juppé.
Le rôle européen de la France
La tâche européenne de M. Macron n'est pas moins ardue. La France n'est pas le bon élève de l'Union. La chronologie de ses crises lui a toujours servi d'excuses pour ignorer les exigences de désendettement et d'équilibre budgétaire. Le président Macron a confié cette tâche énorme au jeune Gérald Darmanin, venu des Républicains, qui a certes pour lui la vigueur de son âge et son intelligence, mais dont l'expérience politique se limite à la mairie de Tourcoing. La France ne peut pas recommencer à jouer un rôle crédible en Europe et surtout à obtenir de l'Allemagne son consentement à une réforme de l'Union sans donner l'exemple, c'est-à-dire sans écrire un budget dont le déficit sera inférieur à 3 % du produit intérieur brut et sans commencer à se désendetter alors que quelques secteurs publics, comme les hôpitaux, la police ou les prisons, crient famine. C'est vraiment dans ce domaine que la magie Macron doit opérer. C'est dans les trois mois qui viennent que l'on verra si sa magnifique technique de conquête du pouvoir se poursuivra par une bonne gestion du pays.
Assurément, la marge de manœuvre du président sera d'autant plus large qu'il bénéficiera soit de la majorité absolue à l'Assemblée nationale, soit d'une majorité de coalition avec la droite qui risque de le rendre plus vulnérable, surtout s'il doit modifier un certain nombre de ses propositions pour accommoder les désidérata des Républicains. Il est toujours souhaitable, par principe, que le pouvoir soit partagé. Mais il est urgent, en temps de crise, de progresser rapidement sur une voie tracée à l'avance.
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