L’ORDRE des pharmaciens s’intéresse de près au phénomène d’insécurité qui touche les officines. Agressions physiques et verbales ne sont pas l’apanage des petits commerces de proximité. Les professionnels de santé y sont également de plus en plus confrontés. À tel point que l’on estime aujourd’hui que l’insécurité est également un facteur de désertification médicale. Confrontés à la montée de la violence dans certains quartiers, il n’est plus rare que des médecins décident d’abandonner carrément leur cabinet. En octobre 2010, un collectif de professionnels de santé de Stains et de Pierrefitte-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, tire la sonnette d’alarme : afin d’attirer l’attention des pouvoirs publics, il organise une journée « santé morte ». Puis, c’est une consœur de la cité des Moulins, à Nice, qui interpelle directement le président de la République sur ce sujet dans l’émission de TF1 « Paroles de Français ». Finalement, il y a cinq mois, un protocole national pour la sécurité des personnels de santé est signé entre les sept Ordres professionnels et les ministères de la Santé, de la Justice et de l’Intérieur (« le Quotidien » du 23 mai).
Des données en dessous de la réalité.
Depuis la signature de ce texte, et son relais via le « Journal de l’Ordre », les déclarations d’agression remontées par les pharmaciens sont reparties à la hausse : + 35 % sur les six premiers mois de l’année, selon l’instance ordinale. Une croissance qui se maintient sur les mois suivants, indique Alain Marcillac, référent sécurité de l’Ordre national des pharmaciens. Il faut dire que ces dernières années le nombre de signalement avait fortement chuté, passant de 742 déclarations en 2002 à seulement 112 en 2010. Mais, depuis quelques mois, la tendance s’inverse. Faut-il y voir une recrudescence des agressions physiques ou verbales dans les officines ? « Il y a certainement un lien », estime Alain Marcillac, sous vouloir pour autant dramatiser. Ces chiffres doivent être étudiés de près. Quoi qu’il en soit, le référent sécurité estime que les données recueillies par l’Ordre restent encore très en dessous de la réalité. Et d’appeler ses confrères à signaler toute incivilité à l’instance. « Il est important que, en cas d’agression, les pharmaciens des différentes sections fassent ces déclarations à l’Ordre et que, en cas de cambriolage ou de braquage, ils préviennent leurs confrères du secteur », explique-t-il. Il rappelle également que le protocole signé avec le gouvernement simplifie grandement les procédures de déclaration, avec notamment la possibilité pour les forces de l’ordre de prendre la plainte directement à l’officine. « C’est une bonne démarche », affirme Alain Marcillac.
Un référent dans chaque département.
Toutefois, sur le terrain, les officinaux s’impatientent. « Depuis la signature du protocole santé-sécurité, la situation n’a pas du tout évolué », se désole Marie-Paule Couet, pharmacienne à Stains et secrétaire de l’association des professionnels de santé de la ville. « Deux pharmaciens ont encore été braqués cet été à Pierrefitte-sur-Seine, souligne-t-elle. Ils n’ont pas été violentés mais ont eu une grande frayeur face à des personnes armées et menaçantes. » Elle ajoute : « Nous devions avoir une réunion en préfecture en septembre, qui a été repoussée à octobre et qui vient d’être encore retardée à novembre. Je crains qu’elle soit purement et simplement annulée. » Lundi, la titulaire participera à une réunion organisée par la Chambre de commerce et de l’industrie sur la sécurité des commerces. « Je me suis inscrite, on verra bien, les pharmaciens étant pionnier en la matière, je pourrais au moins expliquer aux autres commerçants comment nous fonctionnons », explique-t-elle. Avant d’ajouter, quelque peu résignée : « Nous sommes entrés en période préélectorale, rien ne bougera plus avant cette échéance. »
Alain Marcillac se veut, lui, plus confiant. « Début janvier tout devrait se mettre en place. Pour notre part, nous aurons dès le début de l’année prochaine un élu ordinal référent dans chaque département qui pourra agir auprès du préfet. » À suivre.
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