Environnement et croissance
LES DÉFENSEURS de l’environnement ont accueilli avec indignation la proposition du secrétaire d’État. Pourtant, il n’avait pas le choix. Danns la négociation entre les conducteurs de camion et leurs patrons, ceux-ci ont fait valoir qu’ils ont été frappés de plein fouet par la crise et que la taxe carbone, qu’ils paieront dès le 1er janvier, les privait de toute marge de manœuvre. Quand les salariés demandaient 10 % d’augmentation (en espérant sans doute en obtenir la moitié), leur offre se limitait à 2 % (l’accord a pu être signé sur une base d’environ 3,5 %). Apparemment, les 100 millions d’euros proposés par M. Bussereau ne sont pas suffisants, mais de toute façon, le gouvernement s’est placé lui-même dans une contradiction absurde. Il est évident que, si la taxe carbone est un instrument puissant de régulation des gaz à effet de serre et de CO
Il est vrai que personne n’a bougé quand la taxe carbone a été mentionnée pour la première fois et que les Français ne se sont fâchés que lorsqu’elle a été adoptée par le Parlement. Ségolène Royal, animée par l’antisarkozysme, avait alors dénoncé la taxe carbone, ce qui lui a valu une volée de bois (vert, bien sûr) de Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts. Il n’empêche que les pour et les contre ont également raison. Les pour estiment que nous ne nettoierons jamais la planète si nous ne faisons pas quelques sacrifices en faveur de l’environnement ; les contre n’ont pas de mal à démontrer que, si l’engagement écologique s’oppose à la croissance en temps de crise, nous allons tous à la catastrophe.
À quel prix ?
L’affaire des routiers en témoigne. Il ne faut pas être un saint pour reconnaître que les routiers travaillent très dur pour peu d’argent, que le transport du fret a beaucoup diminué en 2009, plongeant dans le chômage des milliers chauffeurs et éliminant des centaines d’entreprises de transport, que ce genre d’emploi mérite une meilleure rétribution. Cependant, si on se place au point de vue de la défense de l’environnement, la réduction du transport routier au profit de l’alternative ferroviaire et fluviale est très souhaitable. Dans ces conditions, la crise offre une occasion de limiter le nombre de poids-lourds qui circulent sur les routes nationales.
Mais à quel prix ? Pour créer combien de nouveaux chômeurs ? Pour diminuer de combien l’assiette fiscale ? Pour enlever combien de dixièmes de points à la croissance ? La vérité, dans cette affaire, est que nous avons été atteints par une crise économique grave et que nous risquons à chaque instant de l’aggraver ou de la prolonger si, soudain saisis par la grâce écologique, nous acceptons de réduire notre activité économique, alors que le chômage atteint ou dépasse les 10 % et que la France croule sous les dettes. On ne peut pas dire aux gens qu’ils doivent perdre leur emploi parce qu’ils font un métier polluant, d’autant que, pour le moment, on n’a rien pour remplacer vraiment un véhicule lourd de transport. Ce qui crève les yeux, c’est qu’un écologisme ardent est très dangereux pour l’emploi et pour la croissance. Et le premier moyen de remédier à ce paradoxe consiste à ne concevoir la lutte pour la défense de l’environnement que si elle participe à la croissance, si elle crée des emplois de remplacement. Punir les gens parce qu’ils polluent est absurde parce que, dans ce cas, nous sommes tous coupables. Lutter pour la dépollution en augmentant les impôts donnera à nos sociétés un avenir propre mais misérable.
Le gouvernement et le législateur ont d’ailleurs compris ce dilemme. C’est pourquoi la taxe carbone sera compensée par une réduction de l’impôt sur le revenu, calculée au pif, et qui, à notre avis, ne compensera jamais le montant de la taxe carbone. Ne serait-il pas plus raisonnable de réduire encore la pollution engendrée par un moteur diesel, de mettre en œuvre une transition longue et prudente entre le transport routier et les alternatives ? Personne ne s’attend à une dépollution instantanée de la planète. C’est bien. Raison de plus pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
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