« EN PRATIQUANT ainsi, je ne fais qu’exercer mon métier de docteur en pharmacie. » Philippe Minighetti, 47 ans, associé depuis quelques années dans une officine arlésienne, développe ce que l’on pourrait appeler une spécialité. Très impliqué dans la lutte contre le cancer, titulaire de plusieurs diplômes spécialisés (un DU de pharmacologie oncologie clinique, délivré par la faculté de Montpellier en 2006, complété, en 2008, par un DU de soins de support, passé à Descartes), il s’est formé au contact de confrères et de spécialistes reconnus dans cette pathologie. Ces connaissances lui permettent aujourd’hui d’assurer, dans un local réservé attenant à l’officine, des consultations post-chimiothérapie.
« Ce système, mis en place à l’intention de toute personne sortant d’un service hospitalier ou de toute personne qui va y entrer pour suivre une chimiothérapie, a pour but d’aborder, en toute confidentialité, les traitements ou post-traitement des malades, et les détails pratiques de leur prise en charge. Nous avons essayé de dépasser l’acte purement médical ou dispensateur du professionnel de santé pour montrer à des personnes en souffrance que l’on sait aussi faire acte d’humanité. Ce qui, dans ce type de pathologie, joue un rôle non négligeable, au même titre que la prise en charge médicale. » Un accompagnement personnalisé gratuit, et ouvert à tous.
Mais vouloir accompagner ne suffit pas pour Philippe Minighetti. Il faut, pour apporter un vrai service et être pleinement à l’écoute de ses patients, être à même de pouvoir répondre ou anticiper leur question.
Boulimique de savoirs et méticuleux dans son approche de la maladie, ce confrère a donc récemment complété son apprentissage par un DU sur la douleur (à Marie Curie, à Paris) et prépare, pour 2011, à Bruxelles, le diplôme européen de nutrithérapie pour cancéreux.
« Je me rends compte chaque jour que la bonne volonté ne suffit pas. On apprend au quotidien. De plus, ma démarche se veut collégiale, en partenariat avec les praticiens, les services et les autres intervenants de la filière. J’ai mis en place un protocole, avec un livret de relation patient-pharmacien, consultable par l’infirmière ou le médecin. Avec une amie, investie comme moi dans cette lutte, j’ai participé au lancement d’un forum d’expression, et je viens de monter, avec d’autres confrères, une association dédiée à notre démarche. »
Les patients d’abord.
Cette dernière réunit une douzaine de pharmaciens à travers l’hexagone, poursuivant des objectifs similaires à ceux visés par Philippe Minighetti. Celui-ci résume ses ambitions : faire son métier comme il l’aime, autrement dit évoluer dans son contexte humain, et collaborer, en tant que professionnel de la médecine, avec les autres acteurs de la filière de santé. Dans son cabinet-officine, une douzaine de patients viennent désormais régulièrement s’entretenir avec lui, écouter ses conseils, parfois se rassurer sur leur état et sur leur avenir. Psychologue, il leur fait partager ses connaissances, en leur fournissant, en quelque sorte, un outil de lutte contre le mal.
« Nous parlons médicament, effets secondaires, souffrance, espoir, détaille t-il, mais toujours en partenariat avec les médecins traitants, les généralistes, les soignants, etc.. Je les oriente, les soutiens, les rassure, et, s’il est bien trop tôt pour analyser de quelconques résultats, j’ose penser leur être utile. »
Pour tous ceux qui voudraient suivre son exemple, Philippe Minighetti, qui ne saurait trop encourager vivement ses confrères à l’imiter, rappelle qu’il est impératif auparavant de se former. Côté rémunération, il prévient d’entrée : pas de gains à engranger dans cette pratique qui apporte plus de satisfactions morales et personnelles que d’argent. C’est ce qu’on appelle, au-delà d’une vocation, un sacerdoce. Pour lui, c’est tout simplement une des composantes de son métier.
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