DANS « l’Année du rat » (1), Régis Descott, qui s’est imposé parmi les auteurs de thrillers avec « Pavillon 38 », « Caïn et Abel » ou « Obscura », rompt avec l’univers de la folie et de la psychiatrie et situe son récit dans quelques décennies. Après un troisième conflit mondial déclenché pour des questions de religion, Paris est devenu une mégalopole peuplée d’adeptes du « Jouv X », qui offre la jeunesse éternelle ou presque. Après la découverte des corps horriblement mutilés d’une famille, le lieutenant Chim’ (comme Chimère ?) oriente son enquête vers la recherche génétique. L’auteur est assez retors pour entraîner le lecteur dans un labyrinthe de fausses pistes et l’égarer dans ce futur de l’humanité imaginé.
Un eldorado biologique
Une jeune femme, soigneur au zoo de Vincennes, échappe à une tentative d’enlèvement. Elle n’a ni argent, ni ennemis, rien qui puisse intéresser. Croit-elle. Tel est le point de départ de « l’Annonce faite à Amber » (2), le premier roman de Caroline Rebstock, l’histoire d’une traque d’un genre nouveau puisqu’elle concerne le sang. Aidée par un policier motivé et bientôt amoureux, la jeune femme découvre qu’enfant elle a guéri spontanément d’une leucémie aiguë et qu’elle est porteuse de cellules souches embryonnaires aux pouvoirs de réparation ou de régénération prometteurs.
Le prix de la vie
Auteur de plus de 20 romans traduits dans 32 pays (son précédent, « Tu ne m’oublieras jamais », vient de paraître chez Pocket), Peter James pose, dans « La mort n’attend pas », une question essentielle : jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour sauver votre enfant ? Des cadavres d’adolescents repêchés dans la Manche et dont les organes ont disparu ; à Bucarest, des enfants de la rue à qui on propose un meilleur avenir en Angleterre ; et à Brighton, une jeune fille de 15 ans qui n’a plus que quelques mois à vivre si on ne lui greffe pas un nouveau foie, et sa mère qui est prête à tout pour éviter que son enfant meure. Le thème n’est pas nouveau, mais exploité dans un docu-polar poignant.
L’eau de Jouvence
À l’origine, à seulement 26 ans, de six romans salués par ses pairs américains, Michael Koryta a concocté une bizarre histoire autour d’une eau hantée. « La Rivière perdue » (4), assure-t-il, existe vraiment, de même que la ville de French Lick, dans l’Indiana. C’est là qu’a grandi Campbell Bradford, un millionnaire aujourd’hui très âgé, qui ne s’est jamais séparé d’une mystérieuse bouteille d’« eau de Pluton ». Lancé sur ses traces, un journaliste découvre dans la ville natale de l’aïeul un superbe hôtel récemment restauré, où les célébrités des années 1920 venaient profiter d’eaux censées soigner tous les maux. Il est aussi en proie à des hallucinations, des visions terrifiantes. Le passé et le présent se mélangent.
Tempe, 12e
Kathy Reichs est l’anthropologue judiciaire canadienne qui a créé le personnage de Temperance Brennan, la célèbre anthropologue judiciaire dont les aventures sont adaptées à la télévision dans la série « Bones ».
Dans « Autopsies » (5), son douzième opus, la malheureuse Tempe est accusée d’avoir bâclé, voire falsifié une, puis plusieurs enquêtes, et elle finit ligotée dans un caveau. C’est sûr, quelqu’un lui en veut. Le lecteur suit parallèlement ses efforts pour tenter d’échapper à sa mort programmée et le film des événements qui l’ont conduite dans cette situation désagréable.
Une comédie sanglante
Autre grand nom du polar mais à la française, Andrea H. Japp, toxicologue de formation, qui s’est illustrée également dans des séries historiques. Elle reprend ici les personnages de « Cinq Filles, trois cadavres, mais plus de volant » et offre, avec « Les cadavres n’ont pas froid aux yeux » (6) une comédie certes sanglante mais amusante. On retrouve donc la chercheuse au « caractère de cochon », à nouveau soupçonnée de plusieurs meurtres, dont celui d’un de ses collègues de labo, et qui, aidée de ses cinq inénarrables copines, tente de damner le pion à l’inspecteur divisionnaire Levasseur, baptisé « pas cool ». Première question : comment se fait-il que les cadavres, décapités ou poignardés, n’ont presque pas saigné ?
Après la catastrophe
Chercheur en sciences sociales, Marin Ledun livre avec « Zone Est » (7) un thriller d’anticipation. Les survivants d’un banal accident de labo, touchés par un mystérieux virus, se retrouvent aveugles et bardés d’organes artificiels. Cela se passe dans un territoire autrefois appelé Rhône-Alpes, coupé du reste du monde par de hauts murs. Le héros, qui vit désormais en volant la mémoire des gens au profit de criminels intouchables, découvre un jour une jeune femme dont les souvenirs laissent penser qu’elle est parfaitement « normale » : un véritable humain biologique. Un espoir venu d’au-delà des murs ?
(2) Odile Jacob, 318 p., 19 euros.
(3) Fleuve Noir, 621 p., 20 euros.
(4) Calmann-Lévy, 426 p., 21,90 euros.
(5) Robert Laffont, 380 p., 21 euros.
(6) Marabout, 292 p., 18,90 euros.
(7) Fleuve Noir, 402 p., 19,90 euros.
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