« Merci pour tous vos précieux conseils », « On vous souhaite une bonne retraite, vous l’avez méritée », « Mais qu’est-ce que je vais faire sans vous ? ».
En ces derniers jours de vie de la Pharmacie de Verdun, les patients affluent et témoignent leur émotion et la reconnaissance à Dominique Dambrine Darnis. Si les étagères de l’officine se vident, dans le petit bureau, les cadeaux et messages forment des piles un peu plus hautes chaque jour. « Ce quartier Cathédrale est un vrai petit village à Nantes, explique-t-elle. Les habitants se connaissent et aiment se rencontrer dans les commerces, y compris à la pharmacie ! »
Nichée dans la rue de Verdun depuis plus d’un siècle, la petite officine en a vu des malades, des guerres, des manifestations, des spectacles de Noël hauts en couleur, et même l’incendie de la cathédrale en 1972 ! À sa tête depuis 2005, Dominique a su garder cet esprit de communauté chéri des habitants du quartier, en exerçant sa profession avec sérieux et bonne humeur.
Un canapé devant le comptoir
« C’est un beau métier qui permet de créer de vraies relations, avec des personnes de tout type et de tous âges. Et mon canapé, placé au milieu de la pharmacie, en face de mon comptoir, a favorisé la libre parole et les confessions… » Une aide précieuse puisque la pharmacienne était seule, sans adjoint ni préparateur. Un virage à 180 degrés après 24 ans à la tête d’une équipe de neuf personnes dans sa précédente officine à Ploemeur. De ses deux expériences différentes de titulaire, Dominique n’en garde que les meilleurs souvenirs. « Certaines journées étaient plus difficiles que d’autres, mais j’ouvrais mon rideau chaque matin toujours avec plaisir. »
Au terme de l’aventure de la pharmacie, Dominique fait le bilan de sa carrière et de la profession. Ce qui l’a marquée ? « L’arrivée du tiers payant et de l’informatique », répond-elle sans hésitation. Mais aussi l’évolution de la prise en charge de pathologies lourdes, l’arrivée du SIDA, la disparition de certaines maladies, l’innovation apportée par les nouveaux traitements et le retour aux produits naturels.
Les points négatifs ? La gestion des produits manquants et des ruptures de stock, trop lourdes de conséquences et la pénibilité des gardes. Sans oublier certains patients plus ou moins bien informés par Internet se permettant de remettre en cause les connaissances du pharmacien et d’exprimer leur méfiance… Pourtant, à la question « Et si c’était à refaire ? », sans hésiter, Dominique épinglerait à nouveau et fièrement son badge. « Les nouvelles missions sont très valorisantes et permettent de renforcer encore plus le lien privilégié qu’on tisse avec les patients. Il m’aurait fallu cependant un peu plus de place dans la pharmacie ! » Le décor aux moulures sculptées de l’officine ne sera malheureusement pas le témoin de cette évolution du métier.
Une retraite culturelle
Toute bonne chose ayant une fin, il en est de même pour Dominique et la pharmacie. La décision d’arrêt fut rapidement prise à la suite d’une proposition de transfert. Le programme qui l’attend est déjà bien chargé. Après les derniers jours à jongler entre le déménagement, les papiers, la désinstallation du matériel, l’inventaire et l’accueil des derniers patients, le repos sera bien mérité. « Enfin du temps pour moi, mes enfants, mes petits-enfants, les voyages et la culture ! » s’enthousiasme-t-elle. Si la coupure avec le monde médical est nette, les bancs de l’université l’attirent déjà… mais pour étudier l'histoire de l’art. Sans nul doute l’influence de ce beau quartier où l’architecture, la peinture et la musique se marient harmonieusement sous les tours sereines de la cathédrale.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion