LE PHÉNOMÈNE de cette campagne dépasse, et de loin, la personne du candidat du Front de gauche. Il traduit la révolte d’un électorat qui veut du passé faire table rase et nourrit ses émotions avec un argumentaire fallacieux. Les protestataires vont d’Arthaud et Poutou à Mélenchon et Le Pen, en passant par Eva Joly et Dupont-Aignan. Ils se considèrent, pour la plupart, comme les victimes de la crise. Ils estiment qu’ils n’ont rien à perdre à opter pour des idées dangereuses parce que le changement ne sera pas pire que les tourments dans lesquels les Français sont plongés actuellement. Sur ce point, ils ont tort.
En effet, qu’est-ce que la sortie de l’euro sinon l’appauvrissement immédiat de la France, c’est-à-dire de ceux des Français qui souffrent le plus aujourd’hui ? Qu’est que la Sixième République, sinon le retour à une politique des partis qui rendra la France ingouvernable (et à laquelle Nicolas Sarkozy a déjà donné des gages en envisageant l’introduction de la proportionnelle dans le scrutin majoritaire) ? Qu’est-ce que l’immigration incontrôlée sinon la mise à mort d’une politique d’intégration qui a échoué mais qu’il ne faut pas abandonner pour autant ? Qu’est-ce qu’une forte augmentation du Smic sinon la destruction du tissu formé par les petites entreprises et donc une hausse cataclysmique du chômage ?
Une douleur sociale aiguë entraîne une surenchère trompeuse. Les qualités oratoires et la culture de Jean-Luc Mélenchon, un bon réflexe de Marine Le Pen lors de l’affaire Merah, l’honnêteté personnelle de M. Dupont-Aignan n’enlèvent rien au fond du problème : pour avoir une chance au second tour, il faut au moins faire 20 % au premier. Or aucun des candidats cités n’atteint ce seuil, pas même Mélenchon, dont vous verrez qu’à 14 %, il atteint un plafond qu’il ne crèvera pas. Ils peuvent toujours dire qu’ils ont la vérité de leur côté, ils peuvent toujours rassembler de spectaculaires meetings, ils ne seront pas élus président.
Les sornettes des uns et celles des autres.
Dans ces conditions, que signifie leur candidature ? Ils disent tous qu’ils sont là pour gagner, mais nous venons de dire qu’ils n’ont pratiquement aucune chance, sauf tsunami politique ou économique. Le résultat est sous nos yeux : M. Dupont-Aignan ne fait que rejoindre la meute des antisarkozystes, Mme Joly ne sert strictement à rien, Mme Le Pen feint d’ignorer qu’elle a perdu la partie, M. Mélenchon, qu’il le reconnaisse ou non, donne des ailes à M. Sarkozy et, ce faisant, produit un effet qui est exactement l’inverse de celui qu’il recherche officiellement, c’est-à-dire ce qu’il croit être le triomphe des idées de gauche, mais ne constitue qu’une altenative désastreuse à la social-démocratie.
L’appel au vote utile, tel qu’il est lancé par M. Hollande, traduit de ce point de vue une imparable logique. Surenchère et démagogie sont les deux mamelles du mensonge. Il n’y pas de salut en dehors de l’euro et Mme Le Pen commence à le croire. La France mélenchonisée ne pourra pas tenir la dragée haute au reste de l’Europe et exiger une monétisation de la dette. Celle de Dupont-Aignan deviendrait microscopique pour s’adapter à sa réelle dimension politique. Et ainsi de suite. D’ailleurs, comme la démagogie appartient à tout le monde, M. Hollande essaie encore de nous expliquer comment il va financer la réduction du nombre de nos centrales nucléaires, et M. Sarkozy, esprit universaliste, s’efforce de concilier sa politique européenne avec la révision des accords de Schengen. En d’autres termes, tous les candidats, peu ou prou, nous racontent des sornettes, mais nous n’avons le temps d’examiner que les sornettes des candidats qui ont une chance de devenir président.
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