MICHEL-EDOUARD Leclerc revient à la charge. Dans une publicité diffusée sur TF1 et M6, il demande tout simplement que « ses docteurs en pharmacie aient le droit de vendre tous les médicaments non remboursés à prix Leclerc ». Un an et demi après sa première campagne télévisée, le patron de supermarchés réitère ses attaques contre les prix pratiqués dans le circuit pharmaceutique. Dans la campagne précédente, les médicaments y étaient assimilés à des bijoux renvoyant à une image de luxe. Cette fois, Michel-Edouard Leclerc entend dénoncer l’hétérogénéité des tarifs d’une pharmacie à l’autre. « En France, les médicaments non remboursés ne sont pas au même prix partout », dit la voix off du film. Derrière ce dialogue, les images d’un prestidigitateur capable de modifier les prix « du simple au triple » en un tournemain. En quelques mois, l’officinal est passé, dans la communication du groupe Leclerc, du statut de bijoutier à celui d’illusionniste.
L’USPO contre attaque.
Mais le roi des tours de passe-passe n’est peut-être pas celui qu’on pense. Tandis que la baisse des prix des médicaments non remboursables est de -3,31 % sur un an au bénéfice des patients, aucune diminution du montant du caddie n’a été constatée, rétorque ainsi dans un communiqué Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO*. Au contraire, ajoute-t-il, « les consommateurs voient les prix augmenter et la grande distribution est condamnée pour entente et pratiques anticoncurrentielles au détriment du consommateur. » Pour Gilles Bonnefond, la communication de Michel-Edouard Leclerc n’est que pure diversion. Celui-ci « promet des baisses de prix sur des produits qu’il n’est pas autorisé à distribuer pour mieux dissimuler les augmentations de prix sur des produits dont il a aujourd’hui quasiment le monopole avec des pratiques illégales », affirme le président délégué de l’USPO.
Le mauvais exemple italien.
Pour justifier sa nouvelle salve contre le monopole pharmaceutique, Michel-Edouard Leclerc s’appuie sur deux enquêtes réalisées l’une par la société d’études et de conseil Bipe, et l’autre par IPSOS. La première montre que les tarifs de trente médicaments non remboursables peuvent varier d’un à trois d’un point de vente à l’autre. Quant à la seconde, elle révèle que 36 % des Français auraient tout simplement renoncé à l’achat d’un médicament non remboursé en raison de son prix. Pour M. Leclerc, il n’y a aucun doute, seule la fin du monopole officinal et l’émergence de nouveaux distributeurs pour vendre ces médicaments d’automédication permettront d’établir une véritable concurrence, propice à la baisse des prix. « Si de nouveaux opérateurs détenaient 20 % du marché des médicaments non remboursables, le prix de ces derniers baisserait de moitié », affirme le patron des magasins Leclerc, qui rappelle qu’il vend depuis 2006 des produits d’automédication dans ses parapharmacies italiennes.
Un mauvais exemple, à en croire Gilles Bonnefond. En effet, selon le président délégué de l’USPO, « le médicament antalgique leader en boîte de 20 comprimés est en moyenne à 2,90 euros dans les pharmacies françaises contre 5,22 euros en boîte de 24 comprimés dans les parapharmacies Leclerc en Italie, soit 45 % plus cher que la pharmacie française ».
La riposte s’organise.
La nouvelle campagne Leclerc n’est pas non plus du goût de l’Ordre des pharmaciens. « Réduire l’achat de médicaments à une problématique de prix risque d’occulter les missions essentielles du pharmacien », estime l’instance. Pour l’Ordre, « la délivrance du médicament représente bien plus qu’un simple acte de vente. C’est un acte de santé publique, qui doit s’exercer dans un lieu réglementé, la pharmacie d’officine, sous l’autorité d’une profession réglementée, les pharmaciens d’officine. »
Particulièrement actif lors de la précédente attaque de Leclerc, le président de PHR, Lucien Bennatan, affirme pour sa part que son groupe est prêt à la riposte. Il exhorte l’ensemble de la profession « à regrouper ses moyens pour accentuer et mener, dans la durée, une longue et dure bataille face au porte-drapeau de la grande distribution ». « Il ne faut pas lésiner », précise Lucien Bennatan, qui pense que la contre attaque doit se faire à coup de spots radios, de communication dans la presse grand public et d’affichage dans les 23 000 officines. « Leclerc est acculé à faire diversion après sa lourde condamnation sur les marges arrière (23,3 millions d’euros à reverser à 28 de ses fournisseurs) et cherche à faire un nouveau coup de pub sur le dos du médicament », analyse-t-il.
Du côté des industriels, on ne semble pas non plus enchanté par la nouvelle croisade de Michel-Edouard Leclerc. « Nous restons opposés à la vente de médicaments en grande surface », affirme ainsi l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA). Une chose est sûre, la bataille médiatique est relancée.
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