LA COORDINATION a donc fait défaut entre les délégués des grandes puissances au Conseil de sécurité, mais le clash donne surtout la mesure des archaïsmes diplomatiques de la Russie et de la Chine. Contrairement à ce qu’elles semblent croire, elles ne pourront indéfiniment se comporter comme les totalitarismes stalinien et maoïste. Les États-Unis et l’Europe ont perçu dans leur veto une faute, un anachronisme et une insulte au printemps arabe. Ils veulent en tenir comptables Moscou et Pékin.
Toutefois, dans l’immédiat, c’est le régime syrien qui tire son épingle du jeu : trois mille morts après le début de la révolution syrienne, Bachar Al-Assad reste indéboulonnable en dépit des graves problèmes qu’il rencontre : chaos économique et social, désertion de plusieurs centaines ou milliers de soldats syriens, et surtout conséquences délétères d’une répression sanglante qui lui interdisent de croire qu’il peut, quoi qu’il arrive, retourner au statu quo ante.
De sorte que l’on se trouve devant un triple printemps arabe : celui qui semble réussir, en Tunisie et en Égypte, où, malgré des difficultés économiques et politiques croissantes, des élections devraient avoir lieu, mais où l’islamisme commence à s’afficher ; on y ajoutera l’évolution pacifique du Maroc vers une monarchie constitutionnelle qui priverait le roi d’une partie des tâches exécutives. Celui qui, pour le moment, a échoué, en Syrie et au Yémen mais qui finira probablement en bain de sang. Et celui qui est né d’un soulèvement armé, en Libye, où les rebelles sont en train d’achever la révolution, même si Kadhafi leur échappé jusqu’à présent. On a jugé avec une très grande sévérité l’hésitation des gouvernements américain et européens à approuver les révolutions arabes. On n’a cependant rien dit de la scandaleuse attitude adoptée par la Russie et par la Chine, dont les régimes se sentent menacés par une agitation politique qui pourrait contaminer un jour ces deux pays et fragiliser les régimes en place. C’est assez dire que les systèmes autoritaires mis en place à Moscou et à Pékin n’ont aucune légitimité ; sinon ils ne sentiraient pas vulnérables. Sont-ce vraiment ces gouvernements qui vont prendre la relève du leadership occidental ? Ils trouvent néanmoins un soutien dans le monde émergent qui croit faire preuve d’indépendance en soutenant des régimes arabes en plein naufrage sous le seul prétexte de se conduire différemment de l’Europe et des États-Unis. Il en va ainsi de l’Afrique du Sud et du Brésil, dont la présidente, Dilma Roussef, a visité récemment le Vieux-Continent auquel, il est vrai, mais non sans un minimum de condescendance, elle a promis un soutien financier dans le cadre de la crise de la dette.
Il se trouve pourtant que la liberté est la même pour tout le monde ; que si l’Amérique et l’Europe soutiennent le printemps arabe, c’est au nom de cette liberté en priorité ; que la refuser pour les peuples insurgés, c’est admettre qu’on la réprouve, comme le font si bien les régimes chinois et russe ; que les pays émergents ne parviendront jamais à l’épanouissement auquel ils aspirent s’ils ne sont pas guidés d’immuables principes tout aussi valables pour eux que pour nous.
Le cas de la Turquie.
On fait grand cas, par exemple, de la croissance économique et politique de la Turquie qui cherche à apparaître comme la nouvelle grande puissance du Proche-Orient. Soutenu par un développement remarquable, constatant le repli de l’Égypte sur ses douleurs internes, non dépourvu du sentiment de sa force géographique et démographique, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a procédé à un renversement des alliances en se faisant le chantre du monde musulman après avoir littéralement rompu ses relations diplomatiques avec Israël. Il n’y a pas si longtemps, l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne apparaissait comme un fait acquis, sinon immédiat. Encore aujourd’hui, la Turquie est donnée en exemple : son islam, décrit comme modéré, deviendrait un modèle pour la Tunisie et pour l’Égypte. Le gouvernement turc est pourtant celui qui conserve des relations priviligiées avec le régime intégriste d’Iran, qui considère Israël comme un pays plus dangereux que l’Iran parce que l’État hébreu possède l’arme nucléaire et qui porte aux nues le Hamas bien que lui-même persécute les Kurdes avec des moyens qui n’ont rien à envier à ceux de la Syrie. Cette Turquie-là est-elle vraiment exemplaire ? On a tout lieu de penser que cette voisine de la Syrie ne fera rien pour contribuer à la libération des sujets de M. Al-Assad.
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