J'étais d'autant moins enclin à évoquer le soixante-dixième anniversaire d'Israël que de nombreux et talentueux confrères se sont emparés du sujet pour nous expliquer la tragédie du peuple palestinien, façon fort peu appropriée, et en tout cas biaisée, de montrer ce qu'Israël est devenu avec le temps, quel est son essor économique, social et culturel, et comment sa société s'est organisée malgré tous les défis qu'elle a eus à relever pendant sept décennies. Un livre, très opportunément, a fait le travail à ma place, celui de ma consœur et amie Martine Gozlan, grand reporter et rédacteur en chef à « Marianne », qui sait d'autant mieux de quoi elle parle qu'elle a beaucoup voyagé, notamment dans les pays arabes, et qu'elle a déjà consacré une dizaine d'ouvrages au Proche-Orient. Ses articles et ses livres témoignent de son impartialité dans le conflit israélo-palestinien. Mais pour une fois, c'est uniquement l'Etat juif, son passé et sa vie actuelle qu'elle devait raconter, et elle le fait somptueusement.
Si vous avez votre propre idée sur Israël, je vous suggère de lire son livre. Il vous apportera non seulement tous les instruments d'évaluation d'un sujet compliqué, mais aussi un bonheur de lecture. La plupart des Palestiniens nient aux juifs le droit de vivre en Israël. Ils ignorent ou feignent d'ignorer que les juifs ont vécu là il y a plusieurs millénaires et que beaucoup d'entre eux n'ont jamais cessé d'y vivre. Je reprends, dans l'ouvrage, cette citation de Ben Gourion : « C'est la Bible qui est notre mandat. La Bible, écrite par notre peuple, dans notre langue hébraïque, dans ce pays même. Notre droit historique existe depuis qu'il y a un peuple juif et la déclaration Balfour ou le mandat ne font que reconnaître ce droit et le confimer (...) Nous n'acquérons pas un foyer national pour nous ; nous ne conquérons pas de foyer national. Nous recréons notre foyer national.» Ce qui conduit Martine Gozlan à démonter la théorie selon laquelle c'est la Shoah qui a entraîné la création d'Israël. Ce n'est pas vrai. L'idée du retour n'a jamais quitté le peuple juif, persécuté pendant deux mille ans et elle s'est traduite à la fin du XIXè siècle par le projet de Theodore Herzl.
Le miracle de l'eau
Faut-il rappeler qu'Israël s'est bâti malgré la demi-douzaine de guerres que lui a livrées le monde arabe ? Faut-il souligner qu'aujourd'hui les nouvelles technologies israéliennes représentent, à la bourse de New York, la deuxième capitalisation après celle des Etats-Unis ? Faut-il souligner qu'Israël est membre de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), que son produit intérieur brut par habitant est de 37 000 dollars, supérieur de 1 000 dollars à celui des Français et que son taux de chômage (4,3 %) est voisin du plein emploi ? Faut-il insister sur l'essor de la littérature, du cinéma et des arts en Israël ? Faut-il, comme le montre l'auteur, indiquer que le problème de l'eau, sur ce sol désertique, a été réglé par le recours à la désalinisation industrielle ? Faut-il, une fois encore, souligner les exploits de l'agriculture dans ce pays ?
Les censeurs professionnels dénigrent la démocratie israélienne car elle n'existerait que pour les juifs. Mais il y a des députés arabes à la Knesset, et ils ne mâchent pas leurs mots, il y a des musulmans, des chrétiens, des Noirs venus d'Ethiopie, des juifs, certes, mais de tous les horizons, parfois plus marqués par leur nationalité d'origine que par le judaïsme, et souvent des immigrés qui ne sont pas juifs. Ces « Sept clés pour comprendre » que nous propose l'auteure montrent que l'Etat juif, c'est aussi et surtout celui de la foi, de l'histoire, de la culture, de l'ingéniosité, du travail et de la persistance.
(1) Israël, 70 ans, 7 clés pour comprendre, par Martine Gozlan, Ed. L'Archipel, 16 euros.
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