Boris Johnson vient de faire la piteuse démonstration de la défaite politique à laquelle peuvent conduire le cynisme et la manipulation (et Donald Trump devrait en tenir compte). Sifflé et hué par les partisans du « remain » à la sortie de son domicile, l'ancien maire de Londres a cédé aux pressions de ses amis Tories qui lui ont fait savoir qu'ils ne voteraient pas pour lui. Il a donc annoncé, à la surprise générale, qu'il ne présenterait pas sa candidature à la direction de son parti. Parmi les candidats en lice, Michael Gove, eurosceptique, et Theresa May ont de très bonnes chances. Pour les interlocuteurs européens de la Grande-Bretagne, Mme May, que l'on présente à Londres comme une nouvelle Margaret Thatcher, serait préférable, parce qu'elle a déjà dit que, le royaume ayant décidé le Brexit au suffrage universel, le Brexit devait être mis en œuvre sans tergiversations.
Le rôle négatif de Cameron
Mais David Cameron freine des quatre fers. Il se refuse à envoyer lui-même la lettre de notification de son gouvernement à l'UE, bien que ce courrier soit indispensable au démarrage de la procédure. Or il ne démissionnera pas avant octobre, ce qui repousse d'au moins trois mois la négociation sur le fond. Jusqu'à présent, les Européens ont fait preuve de fermeté. Ils insistent sur la nécessité du Brexit parce qu'ils craignent l'effet domino, c'est-à-la tentation d'autres membres de l'Union d'imiter le Royaume-Uni. Ils ne souhaitent pas non plus que les Britanniques continuent de profiter des avantages offerts par l'appartenance à l'UE (il y en a énormément, ce que les eurosceptiques se refusent à croire) tout en faisant cavalier seul. Les Européens veulent que la négociation avec la Grande-Bretagne soit aussi rapide que possible, mais elle prendra au moins deux ans. Leur message est qu'il n'y a pas de plan B, pas de session de rattrapage après le référendum, pas de référendum bis possible, et que les Britanniques ont clairement choisi leur destin.
Mais le départ du Royaume-Uni pose d'immenses problèmes. D'abord l'Écosse, qui a voté à plus de 60 % contre le Brexit, veut rester dans l'Union. Sa première ministre, Nicola Sturgeon, s'est rendue à Bruxelles pour exposer son point de vue. L'Écosse ne peut rester dans dans l'Union sans acquérir sa propre indépendance à l'égard du Royaume-Uni. Les Brexiters ont donc ouvert une boîte de Pandore qui va se déverser pendant plusieurs années. De la même manière, l'Irlande du Nord, qui fait partie de la Grande-Bretagne, est censée quitter l'Union, mais la République irlandaise n'est pas concernée par le Brexit. À l'heure actuelle, il n'y a pas de frontière entre l'Eire et l'Ulster, ce qui conduit les Irlandais du nord à réclamer leur propre séparation du royaume de moins en moins uni et à fusionner avec les Irlandais déjà indépendants. De nombreux Britanniques tentent maintenant d'obtenir un passport irlandais pour rester européens.
La dévaluation de la livre semble durable et va devenir un casse-tête pour tous les retraités britanniques qui vivent en France ou en Italie. La City risque fort de perdre ses clients au profit d'un ou plusieurs autres centres financiers européens. Le Brexit annule de facto les mesures de contrôle prises par la France pour empêcher le passage des migrants vers l'Angleterre. Il n'y a plus aucune raison pour que nous rendions aux Anglais le service de maintenir des clandestins à Calais.
Les dirigeants européens ont affiché leur détermination à régler les problèmes liés au Brexit dans un délai raisonnable. Comme d'habitude, il manque, en cette période de crise aigüe, un chef de l'Europe doté d'un mandat politique et capable de s'adresser aux Britanniques au nom des 27. La France et l'Allemagne ont du mal à relancer l'axe franco-allemand parce qu'il y a des élections générales dans les deux pays en 2017 et que ni M. Hollande ni Mme Merkel n'ont vraiment affirmé leur autorité ces derniers jours. Certes, ils doivent se montrer prudents et ils ne peuvent pas exprimer leurs sentiments comme de simples citoyens indignés par la politique désastreuse que David Cameron a engagée et qui l'a englouti. Il n'empêche que la crise exige une réforme de l'Union qui doit être négociée entre les 27 en même temps la mise en œuvre du Brexit.
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