Américains et Européens n'ont jamais accepté la pax putina, d'autant qu'elle est exactement l'aboutissement qu'ils exècrent, à savoir le triomphe de la force sur les aspirations légitimes des factions belligérantes. M. Poutine, quant à lui, vient d'apprendre les conséquences d'une politique de superpuissance. Elle coûte cher, elle finit souvent par l'enlisement, elle crée un vif malaise dans le pays qui l'exerce. L'ambition du président russe n'a pas de limites. Il étouffe, par les pires moyens de contrôle, ce qu'il reste d'opposition en Russie et se prépare à se faire réélire pour un nouveau mandat de six ans. Il a modernisé ses équipements militaires, notamment dans le domaine du nucléaire. Il préfère les sanctions européennes à un dialogue sur l'Ukraine, pays que ses forces occupent partiellement. Enfin, il entretient savamment les revers américains, qu'il s'agisse des erreurs grossières commises par Donald Trump ou de la Syrie.
Trump, de son côté, expose le fond de sa pensée subtile en répétant qu'il est le plus fort et qu'il a le plus gros bouton. Il a pratiquement éteint l'action du département d'Etat (affaires extérieures) au profit de celui de la défense. En 2018, le budget militaire américain augmente d'une centaine de milliards de dollars, à plus de 800 milliards. Trump annonce non seulement la modernisation de ses armées, mais il procède à une révision complète de ses armements nucléaires. En catimini, il a modifié en profondeur la doctrine de la dissuasion. Celle-ci, jusqu'à présent, était asurée par la certitude que toute attaque nucléaire déclencherait une riposte mortelle du pays attaqué et donc une destruction mutuelle. Trump a commandé des armes nucléaires tactiques destinées au champ de bataille dans le cas d'une invasion terrestre par la Russie. De petits obus atomiques devraient donc être considérés comme « bénins » par l'ennemi. Poutine a tout le temps de rappeler à Trump que l'introduction de la bombe dans un conflit déclencherait une guerre nucléaire.
La fin de la dissuasion
Or, si l'Irak revient péniblement à la vie, la guerre se poursuit en Syrie, où le régime, privé de ses armes chimiques, utilise maintenant le chlore, où les négociations de paix n'ont même pas commencé, où la Turquie envoie dans le nord une expédition militaire destinée à éliminer les Kurdes, ceux-là même qui ont libéré Kobané, protégé les Yezidis, et mis en échec les forces de Bachar. La Turquie faisant partie de l'OTAN, ses « partenaires » exaspérés se contentent de prôner la « modération » à Recep Erdogan, le président turc ivre de son pouvoir, qui pense que la guerre de Syrie est le terrain idéal pour éliminer une bonne partie du peuple kurde et assurer la défense de sa frontière. Cet homme est dangereux et prouve, par ses actions militaires et ses atteintes multiples aux libertés turques, qu'il a son propre projet qui n'est ni celui de Poutine ni celui de Trump, et consiste à asseoir une forme d'hégémonie sur le chaos syrien. Bien qu'il dispose d'une force militaire respectable, il n'est pas sûr qu'il parvienne à ses fins tant les combattants kurdes sont aguerris et tant son comportement destructeur finira par lasser Poutine, qui lui a donné son feu vert, mais commence à le trouver encombrant.
La Syrie est le concentré d'une évolution des affaires du monde : ce qui a disparu, en effet, c'est déjà la doctrine nucléaire qui a empêché tout conflit nucléaire depuis 73 ans. C'est aussi l'héritage de Yalta : Poutine croit pouvoir reconstruire l'URSS, mais sans le communisme, ce qui, à terme, le conduira à l'échec. Trump croit dominer le monde en adoptant le protectionnisme et en aggravant le ressentiment que nourrissent ses alliés. Il s'agit de deux politiques erronées, dans un contexte où plus personne ne se range sous la houlette d'une grande puissance et où le renouveau nucléaire devient, avec la prolifération, affreusement dangereux.
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