LES LIVRES, l’essence, la parapharmacie… S’il semble désormais commun d’acheter un roman en grande surface ou d’y faire son plein d’essence, il faut rappeler que Leclerc et consorts n’ont eu accès à ces pans de l’économie qu’en 1981 et 1979. Se posant en chantre du pouvoir d’achat et de la libre concurrence, Leclerc revient à la charge d’abord en 2003, puis en 2008, pour obtenir le droit de vendre des médicaments dans ses espaces de parapharmacie. Un combat qui ne date pas d’hier puisque, bien avant les dernières attaques de Michel-Edouard Leclerc (MEL), son propre père s’y est frotté dans les années 1980. C’est ainsi qu’Édouard Leclerc a obtenu le droit de vendre des produits de parapharmacie en 1988.
Face à l’invasion de la grande distribution dans tous les pans de l’économie ou presque, les pharmaciens se comportent comme d’irréductibles Gaulois résistant à l’envahisseur Romain. En 2008 donc, apparaît une campagne de publicité, principalement télévisée, comparant les médicaments au luxe des bijoux, affirmant ainsi que leur prix est trop élevé et que les centres Leclerc peuvent proposer des tarifs 25 % moins chers. L’attaque provoque les foudres des officinaux, syndicats, groupements et autres. C’est l’occasion pour la profession de faire preuve d’une solidarité nouvelle. Les initiatives se multiplient pour défendre le monopole et contre-attaquer celui qui devient l’homme à abattre. Le groupe PHR, les syndicats UNPF et USPO, les groupements Giphar et Plus Pharmacie, le Collectif des groupements, l’Association des étudiants en pharmacie, font bloc par communication interposée. Tous soulignent que MEL profite d’une situation économique dégradée en mettant en avant son engagement en faveur du pouvoir d’achat des Français. Mais ils ne manquent pas de remarquer que, dans les pays voisins où la vente de médicaments en grande surface est déjà autorisée, aucune baisse des prix n’a été constatée. De plus, dispenser un médicament comporte des devoirs en termes de santé publique qui expliquent la présence de ce monopole pharmaceutique, qui apparaît aussi comme un verrou sécuritaire supplémentaire en termes de qualité des produits et de leur authenticité.
Baguette magique.
Le bras de fer se poursuit en justice, lancé par Daniel Buchinger, président du groupement Univers Pharmacie et de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). Dans un premier temps, le tribunal donne raison aux pharmaciens en jugeant que la campagne Leclerc fait du tort à la profession. Mais Leclerc reprend le dessus en appel, les juges appréciant l’aspect humoristique de sa communication. Le pourvoi en cassation est refusé aux officinaux, mais il reste encore le jugement sur le fond. Quelques mois plus tard, MEL en remet une couche avec une nouvelle publicité qui assimile le pharmacien à un magicien capable de faire monter les prix à coups de baguette magique. Une nouvelle action en justice présente le même schéma : les pharmaciens gagnent en première instance, mais Leclerc obtient gain de cause en appel.
Se sentant conforté dans son offensive, Leclerc lance une nouvelle campagne en janvier dernier, s’appuyant sur une étude commandée pour l’occasion. Cette étude affirme que les prix pratiqués dans les parapharmacies Leclerc sont plus bas qu’en officine. Daniel Buchinger riposte par des relevés de prix constatés par huissier en parapharmacie Leclerc et dans les pharmacies affiliées à son groupement. Il obtient le résultat inverse : les pharmaciens sont moins chers que Leclerc ! Il balaye d’un revers de la main la seule justification de MEL à vendre des médicaments : se soigner moins cher. Une hérésie pour les pharmaciens. La contre étude est accompagnée d’une communication grand public par voie d’affichage, de la création d’un site Internet qui répond à celui de MEL : sesoignermoinscher.com est mis en concurrence par semoquerdumonde.com. Qui a dit que les pharmaciens n’avaient pas d’humour ?
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