CELA FAIT un an que le DP est opérationnel dans toute la France. Après de nombreux mois de test dans plusieurs départements, la CNIL avait en effet autorisé sa généralisation le 2 décembre 2008. Douze petits mois plus tard, près de 12 100 officines disposent de l’outil professionnel, et plus de 5,8 millions de Français possèdent leur propre DP.
Mais l’Ordre des pharmaciens ne veut pas s’arrêter en si bon chemin et souhaite doubler rapidement le nombre de pharmacies raccordées. L’instance vise ainsi l’objectif des 20 000 officines à la fin de l’année 2010. Pour y parvenir, les pharmaciens référents DP, qui sont aussi des conseillers ordinaux, ont pris leur bâton de pèlerin. Leur mission : dénicher les confrères qui traînent encore des pieds. « Il s’agit surtout de chercher à savoir pourquoi ils n’ont pas encore mis en place le DP chez eux car, aujourd’hui, les problèmes techniques sont résolus », explique Bernard Flirden, chef de file du comité de pilotage territorial du DP. Plus précisément, les référents DP ont un double rôle : informer les pharmaciens et faire remonter leurs interrogations sur le DP auprès du comité de pilotage.
Et leur travail sur le terrain peut payer. Un de ces pharmaciens référents est ainsi allé rendre visite à huit confrères « sans DP » exerçant dans le 18e arrondissement de Paris. La rencontre a permis de lever les angoisses. Résultat, une semaine plus tard, six d’entre eux déclaraient avoir installé l’outil.
Montrer l’exemple.
L’Ordre mise aussi sur la valeur exemple. Pour l’instance, il est impératif que l’ensemble des conseillers ordinaux régionaux et des maîtres de stage soit relié au DP d’ici à la fin du premier trimestre 2010. Par ailleurs, 14 facultés (20 au total l’année prochaine) disposent déjà du DP afin de permettre aux étudiants de 6e année de manipuler l’outil avant leur stage de fin d’études. « C’est une obligation légale de proposer au patient la création d’un DP, mais aussi de l’alimenter », rappelle Bernard Flirden. Et pas seulement à partir des médicaments prescrits. Le chef de file du comité de pilotage du DP incite ainsi vivement ses confrères à faire également inscrire les spécialités de médication officinale. Lui-même a ainsi pu vérifier l’intérêt de la démarche dans sa propre officine en détectant une contre indication entre un antirhume classique chez un client de passage atteint d’un cancer de la prostate.
De nouveaux développements.
Les informations contenues dans le DP pourraient aussi bientôt s’enrichir des données accumulées au cours d’un séjour à l’hôpital. Cette évolution, l’une des plus attendues, offrira également au pharmacien hospitalier la possibilité de consulter les traitements habituels des patients admis dans le service des urgences. Des expérimentations de ce type de connexion sont actuellement menées dans des établissements d’Hyères, de Marseille, de Nancy et de Nîmes. Bernard Flirden invite donc les confrères exerçant à proximité de ces villes à se raccorder au plus vite.
Aujourd’hui outil de sécurisation de la dispensation, de lutte contre l’iatrogénie et la redondance des traitements, il pourrait donc devenir aussi un outil de continuité des soins entre la ville et l’hôpital.
En attendant, le DP s’est récemment vu doter d’une nouvelle fonctionnalité, celle de la diffusion d’alertes sanitaires. « Les nouvelles versions permettant cette évolution vont arriver chez les confrères déjà équipés », indique Bernard Flirden. En pratique, dès que les autorités sanitaires déclencheront une alerte de haute importance, la présidente de l’Ordre pourra décider de son envoi à l’ensemble des pharmacies ou à celles situées dans une certaine zone géographique. Ces alertes pourront être liées à une pathologie (pandémie grippale, cas de méningites) ou à un événement particulier, tel un incident dans une centrale nucléaire. Demain, le DP pourra aussi gérer les retraits de lot, la traçabilité des spécialités jusqu’au patient ou les rappels de vaccination.
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