Une piste pour le Tricholome équestre

Le noir secret d’un champignon

Publié le 18/07/2009
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DES CHERCHEURS japonais ont isolé dans le champignon asiatique Russula subnigricans la toxine responsable de rhabdomyolyse fatale, un nouveau type d’intoxication par les champignons, qui a récemment été décrit en France après la consommation excessive de tricholome équestre. La toxine se révèle être l’acide cycloprop-2-ène carboxylique, une petite molécule composée de seulement 4 atomes de carbone.

Récemment, on a rapporté en France un nouveau type d’empoisonnement par les champignons : un syndrome de rhabdomyolyse (destruction musculaire) potentiellement fatal, causé par la consommation répétée de tricholome équestre (encore appelé Tricholoma auratum, chevalier, jaunet, bidaou, canari).

Ce champignon, présenté jusqu’alors comme comestible, est essentiellement consommé dans le sud-ouest de la France, mais on peut le retrouver dans toutes les régions françaises.

Décès dans les cas sévères.

Au Japon, ce type d’empoisonnement aigu a été décrit après la consommation du champignon Russula subnigricans, avec 7 cas mortels rapportés. Trente minutes après l’ingestion apparaissent une nausée et une diarrhée, suivies par une difficulté à parler, des convulsions, une contraction des pupilles et des douleurs de dos ; dans les cas sévères, il y a perte de conscience, défaillance cardiaque et décès. La rhabdomyolyse est indiquée par une élévation plasmatique des créatine-phosphokinases (CPK) et la présence de myoglobine dans les urines. Ce champignon est largement distribué en Asie (Japon, Corée, Chine, Népal, Taïwan), mais la toxine coupable restait mystérieuse.

Afin de découvrir la molécule fatale, l’équipe de Kimiko Hashimoto (université pharmaceutique de Kyoto, Japon) a étudié chez la souris l’administration orale de plusieurs espèces de Russula subnigricans. Après avoir constaté la toxicité létale de l’espèce de Kyoto, ils ont identifié la toxine comme étant l’acide cycloprop-2-ène carboxylique, une petite molécule synthétique connue, mais qui n’avait à ce jour jamais été isolée à partir d’une source naturelle.

Il reste à savoir comment cet acide cause la rhabdomyolyse sévère ;

il est probable qu’il n’interagit pas directement avec les cellules musculaires, mais en déclenchant d’autres réactions biochimiques.

Cette découverte devrait aussi faciliter l’identification de la toxine dans le tricholome équestre.

Matsuura et coll. Nature Chemical Biology, 24 mai 2009, DOI: 10.1038/nchembio.179.
› Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2668