C’EST UN MARCHÉ très particulier que celui de l’oligothérapie et des compléments alimentaires qui lui sont liés. Une spécificité due, pour une part, à la nature des produits qu’il abrite et qui se composent d’éléments à l’état de traces, tels que le cuivre, le magnésium, le manganèse, le zinc, le soufre… Elle résulte aussi de la confusion qui existe, pour certains, entre sels minéraux et ions métalloïdes. « Ce n’est pas un apport pondéral en minéraux que l’on cherche ici et pour lequel on doit respecter un apport journalier recommandé correspondant à un certain poids en sels minéraux, explique Ghislaine Gerber, fondatrice de la gamme Oligophytum au sein de l’entreprise Holistica International. On exploite la valeur en ions des oligo-éléments, qui n’est pas basée sur le poids du micronutriment mais sur son rôle de messager électrique. »
Développée par Jacques Ménétrier, l’oligothérapie, dans son principe, n’a en effet que peu de liens avec la nutrition pondérale. Elle est fondée sur le rôle de catalyseurs que peuvent jouer les ions métalloïdes présents en très faible quantité dans le corps et qui facilitent les mécanismes biochimiques à l’œuvre dans tout organisme. Chaque oligo-élément possède une incidence physiologique et un champ d’application propre qui entend répondre à quatre grandes catégories de syndromes fonctionnels : les terrains allergiques, infectieux, neurovégétatifs et anergiques. Dans ce cadre, la discipline s’attache à corriger les déséquilibres physiologiques passagers et sans gravité qui peuvent finir par affecter l’individu de façon modérée mais chronique. Cette pratique fonctionnelle est dominée par la notion de prédisposition à laquelle répond le principe de traitement au long court qui seul est capable d’apporter une modification au terrain qu’il investit.
« Il existe des combinaisons d’ions très connues comme celle qui associe le cuivre, l’or et l’argent, utilisée dans le cadre des états de fatigue », rappelle Ghislaine Gerber. Pour autant, l’offre en matière d’éléments-traces s’apparente plus à un segment qu’à un marché à part entière et répond à une clientèle très ciblée : « Nous nous adressons à une population qui connaît parfaitement les oligo-éléments. »
Une prise en charge plus naturelle.
Les produits bénéficient également du conseil de nombreux médecins formés à la micronutrition et qui travaillent avec le concours de l’accompagnement nutritionnel. De ce fait, l’officine est le réseau de distribution principal pour des oligo-éléments, qui ne relèvent pas tous du statut de médicaments, notamment quand leur composition provient de sources alimentaires et non d’un procédé de synthèse. La gamme Oligophytum se compose ainsi de compléments alimentaires mais là n’est pas sa seule singularité puisque les oligo-éléments qu’elle apporte ont une origine naturelle. « Nous avons fait le choix de puiser au sein de végétaux tels que l’aubépine, la prêle mais aussi des algues, les oligo-éléments qui figurent dans la composition de nos formules, précise Ghislaine Gerber. Il ne s’agit pas seulement d’un choix éthique ou de satisfaire la demande des consommateurs. C’est aussi une question de biodisponibilité car un nutriment naturel sera toujours préférable à une molécule dénuée de son contexte et de ses cofacteurs. » Holistica International s’attache donc à identifier les plantes qui présentent tout ou partie des ions recherchés afin de proposer une source naturelle d’oligo-éléments à sa clientèle. Un positionnement qui est plus porteur à l’étranger qu’en France : « Nous sommes présents dans une trentaine de pays qui représentent environ 75 % de notre chiffre d’affaires. Au Canada, un des pays les plus avancés en matière de nutrition et de produits naturels, les références de notre gamme répondent au statut particulier de produits naturels de santé, ce qui n’existe pas en France. Ici la filière des produits naturels ne bénéficie pas encore d’une confiance suffisamment évoluée. »
Le Laboratoire des Granions (EA Pharma), pour sa part, se distingue par son approche de l’oligothérapie qu’il définit comme « nutritionnelle », c’est-à-dire basée sur une quantité d’actifs supérieure à celle annoncée par la concurrence. Résultat d’un procédé de fabrication que le laboratoire estime comme étant unique, la méthode met en œuvre des grains d’ions protégés par une hélice d’Amylose. Elle donne lieu à une dizaine de références, dont certaines historiques (cuivre, sélénium, magnésium), toutes ayant une AMM et réunies sous la gamme Granions. Une ligne de compléments alimentaires d’oligothérapie (Granions d’iode, de fer, de potassium…) enrichie d’une nouveauté, Granions de chrome dosée à 200 µg, vient les seconder. « C’est un marché à part entière que celui de l’oligothérapie qui relève d’une médecine alternative, plus naturelle et dont les principaux prescripteurs sont les homéopathes », observe Olivia Perin, responsable marketing de la gamme Granions.
Mode réactionnel.
Principalement développée par les officines spécialisées en oligothérapie et en homéopathie, la discipline profiterait pourtant largement d’un conseil plus fréquent de la part du pharmacien qui joue un rôle clef dans la dispensation de ces traitements. « Les utilisateurs d’oligo-éléments sont convaincus de leur bien fondé, particulièrement dans les cas de maladie chronique, mais ils ne savent pas exactement ce qu’ils doivent prendre et à quel moment », poursuit Olivia Perin. De nombreuses demandes existent liées aux problématiques du sommeil, du stress, de la déprime, de la fatigue ou encore du contrôle du poids et de la glycémie, des pathologies ORL, dermatologiques et allergiques. Elles émanent d’une clientèle recherchant l’efficacité de substances qui ne présentent que peu ou pas d’effets secondaires. « Ce marché qui dépendait de la pure prescription médicale est en train de s’ouvrir de plus en plus au pharmacien qui a compris tout l’intérêt de ces traitements capables de répondre efficacement à la demande tout en réduisant au minimum les risques associés. »
Chez Boiron, les indications les plus recherchées sont notamment au nombre de trois au sein d’une gamme faite de complexes et d’unitaires qui compte 17 références : Oligostim cuivre-or-argent qui se destine à accompagner les phases de convalescence liées à une maladie infectieuse ou les états de fatigue ; Oligostim cuivre à utiliser lors d’états infectieux et viraux, grippaux et lors d’affections rhumatismales inflammatoires ; Oligostim lithium voué à intervenir dans le cadre de manifestations psychiques et psychosomatiques mineures tels que des troubles légers du sommeil ou de l’irritabilité. Présentée sous la forme de comprimés, préférée pour son goût neutre et sa facilité d’administration, la gamme entend se démarquer de l’offre concurrente souvent conditionnée en ampoules. « Nous nous positionnons sur le versant catalytique de l’oligothérapie qui cherche à produire une réaction de l’organisme à partir d’un dosage infime en oligo-éléments, indique Raphaèle Lafaye, chef de produit chez Boiron. Cette stimulation doit provoquer la libération de ces éléments traces qui restent habituellement prisonniers dans le corps sous l’effet de multiples facteurs comme les traitements médicamenteux répétés, la pollution, l’alimentation moderne avec ses conservateurs, ses colorants… »
Pionnier de l’oligothérapie, dont il a fondé la première gamme, le Laboratoire Labcatal – contraction de Laboratoire de Catalyse Biologique – partage cette vision catalytique de la discipline. Sa gamme Oligosol abrite près d’une vingtaine de références avec AMM destinées à des patients souffrant de troubles fonctionnels, soit des affections non sévères relevant d’un simple dérèglement physiologique. Une ligne de compléments alimentaires, Oligosol Nutrition vient la compléter.
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