Peindre les glaciers pour arrêter leur fonte

Le froid sauvé par la chaux

Publié le 09/11/2009

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PEUT-ON rester de glace devant l’inexorable fonte des glaciers ? Certainement pas, répond le scientifique péruvien Eduardo Gold. Le spécialiste vient ainsi de présenter au Parlement de son pays un incroyable projet pour limiter le phénomène, particulièrement sensible sur la cordillère des Andes. Mais, aussi surprenante qu’elle y paraît, sa proposition s’appuie sur un raisonnement à la fois simple et implacable. En fondant, les glaciers brunissent car ils laissent apparaître roches et terre sous-jacentes. Or ces parties plus sombres absorbent plus de chaleur que la glace immaculée, ce qui accélère encore le phénomène de fonte. Eduardo Gold suggère donc pas moins que de peindre en blanc les parties brunes où la glace a reculé. L’idée a déjà retenu l’attention de la Banque mondiale (BM). Et elle a de sérieuses chances d’aboutir car dotée de pas mal d’arguments. Écologiques d’abord, puisque la peinture utilisée serait fabriquée à base de chaux et sans composant chimique ; mais aussi sociaux, car à l’échelle des Andes péruviennes (300 km de cordillère), le projet pourrait fournir aux populations locales près de 15 000 emplois sur 5 ans. À l’aide du pinceau, ou par n’importe quel autre moyen, il y a en tout cas urgence à agir puisque, en 30 ans, le réchauffement climatique aurait déjà fait perdre entre 30 % et 100 % de leur surface aux glaciers des Andes tropicales.

Est-ce également le réchauffement climatique qui ferait perdre au plus haut sommet d’Europe quelques centimètres chaque année ? Rien n’est moins sûr, estiment les experts. Ce qui l’est, en revanche, c’est que le Mont-Blanc a perdu en deux ans 45 cm. Sa nouvelle altitude s’établit donc désormais à 4 810,45 mètres. Mais il n’en n’a pas toujours été ainsi, et ce phénomène de tassement, observé grâce au GPS, pourrait bien s’inverser. La campagne de mesures, commencée en 2001 par des géomètres experts, avait en effet d’abord noté une poussée de croissance du sommet alpin passant de 4 810,40 mètres à 4 810,90 mètres en 2007. Le sommet des Alpes semble un peu jouer au yo-yo. Et ce n’est pas tout. Les géomètres ont également constaté qu’entre 2007 et 2009, la crête du Mont-Blanc s’était déplacée de 26 m vers l’Italie. Qui a dit que seules les montagnes ne se rencontraient jamais ?

› DIDIER DOUKHAN