M. OBAMA paie, pêle-mêle, pour de graves hésitations en politique étrangère, pour des réformes pourtant utiles mais qui soulèvent la colère duTea Party, pour des déclarations malheureuses (comme le « Nous n’avons pas de stratégie pour l’Irak »), pour la contradiction profonde entre sa vision personnelle, qui consistait à s’éloigner du Proche-Orient pour s’intéresser davantage à l’Asie, alors que la Syrie, l’Irak, la Libye et l’Iran aurait dû solliciter toutes ses forces. Cette analyse n’est cependant valable que si on entre dans les détails. Plus généralement, M. Obama souffre de son élection en 2008 qui, pour diverses raisons où l’intolérance a beaucoup compté, a produit une réaction inverse qui a fini par regrouper tous ceux qui voient en lui un socialiste à l’européenne, ce qu’il n’est pas. Le président en exercice va peut-être perdre cette élection, mais il est plus vrai de drire que le peuple américain est dégoûté de la politique et qu’il condamne l’exécutif et le Congrès avec la même sévérité.
Barack Obama n’a pas empêché cette dérive populaire vers l’abstentionnisme et l’écœurement. Il n’a pas proposé à ses concitoyens un « new deal » qui les aurait requinqués. Mais il a fait d’excellentes choses, à commencer par l’assurance-maladie pour tous qui, en dépit de débuts chaotiques, représente désormais un succès historique. Les républicains peuvent continuer à condamner l’Affordable Care Act, il ne sera jamais abrogé parce que les Américains ne laisseront pas faire le parti républicain si son candidat l’emporte en 2016, ce qui n’est pas du tout certain. Le Tea Party a son pouvoir de nuisance, mais la gauche américaine est en forme, comme en témoigne l’élection du nouveau maire de New York, Bill de Blasio, qui, au paradis de la finance, veut substituer celui des crèches. La vérité est que, malgré ses faiblesses, M. Obama, en appliquant son programme, a privé l’opposition de toute idée novatrice. Les républicains, pendant la campagne de ces midterms, n’ont rien à proposer de vraiment emballant, sinon l’affaiblissement de M. Obama. C’est de la pure rhétorique ad hominem. La vérité est que la notion de filet social prend forme aux États-Unis et que les républicains seraient bien imprudents de s’en prendre à cet acquis social.
La fin du délire inégalitaire.
On ne peut pas ignorer la prise de conscience populaire de la lutte nécessaire contre des inégalités qui soulèvent beaucoup de colère à cause de ce que l’on appelle la « financiarisation » de l’économie. La nouvelle président de la Banque fédérale des réserves (Fed), Janet Yellen, vient d’exprimer son inquiétude à ce sujet et les plus consevateurs des dirigeants américains ne pourront pas échapper aux questions posées par des dizaines de millions de travailleurs qui ne parviennent pas à boucler leur fin de mois. D’autant que M. Obama a su traiter la crise avec efficacité. Il a sauvé d’immenses entreprises, comme General Motors et AIG, n’hésitant à nationaliser provisoirement les canards boîteux pour ensuite récupérer l’argent du gouvernement fédéral avec les intérêts. Aujourd’hui, le taux de chômage est de 6,1 % aux États-Unis, contre plus de 10 % en France. Le pays où l’ouvrage (« Le Capitalisme au XXIè siècle ») de Thomas Piketty, économiste français, a eu le plus de succès, c’est l’Amérique qui, au moment où nous prenons la tangente néo-libérale, commence à réclamer un néo-rooseveltisme. Du coup, certains républicains, comme Paul Rand ou le sénateur Marco Rubio, commencent à décrire un programme social élaboré. Il me semble que le délire inégalitaire, qui a conduit à la bulle boursière en 2007-2008, va s’affaiblir. C’est peut-être là que se situe l’héritage d’Obama : dans le début de la pacification d’une classe politique très agitée, qui comprend enfin qu’un élu doit servir les intérêts du plus grand nombre.
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