« À la faculté de pharmacie, on n'apprend pas à gérer une officine, pas plus en termes financiers que sur le plan humain. » C'est en partant de ce constat que Jérôme Escojido et Bertrand Pagès, pharmaciens d'officine et fondateurs du groupement Médiprix (70 pharmacies adhérentes, 250 millions d'euros de chiffre d’affaires) ont décidé de créer un cycle de formation baptisé « Médiprix Académie », à l'issue duquel le pharmacien peut devenir actionnaire majoritaire de son officine ou bien voir ses capacités d’investissement élargies.
Le principe est assez simple. Dans le cadre d'un transfert de pharmacie, une filiale immobilière de Médiprix se porte acquéreur des locaux et se charge de leur aménagement. En échange de ce service, d'une adhésion au groupement, à sa charte graphique, et à ses principes - qui comprend notamment l'utilisation d'un logiciel de gestion des stocks -, le jeune pharmacien acquéreur accepte de concéder une part minoritaire de son entreprise à un confrère engagé financièrement en son nom propre, associé de la société Médiprix.
« L’apport demandé par les banques est trop important, juge Bertrand Pagès. Ce que nous proposons, grâce à une garantie financière personnelle, c'est un pied à l'étrier dans un environnement commercial favorable puisque ces projets, que nous pouvons soutenir au rythme de cinq à dix par an, doivent ouvrir à côté de magasins franchisés Médiprix Médical et, plus tard, Médiprix Optique où le pharmacien d’officine peut, s'il le souhaite, devenir associé minoritaire afin de générer un complément de revenus », poursuit ce pharmacien-entrepreneur de 36 ans.
« Les banques ne nous auraient jamais suivis »
À ce jour, six projets Médiprix seraient en cours dans l’Hexagone. À Castres (Tarn), c'est dans un ancien supermarché Lidl situé à proximité du centre-ville que l'ensemble combinant les commerces de dispositifs médicaux, pharmacie et cabinets de médecins, ouvrira d'ici à la mi-juillet. « Nous avions un projet de transfert dans ces mêmes locaux mais les banques ne nous auraient jamais suivis pour un projet étalé sur 900 m² alors qu’avec Médiprix pour garant, nous avons pu mener à bien cette opération, explique Laurent Clot, titulaire avec son épouse, de la pharmacie Carnot de Castres. Avec le cabinet médical, le magasin de dispositifs médicaux (auquel le pharmacien n'est ici pas associé, N.D.L.R.), et l'opticien, nous pensons sérieusement développer notre activité dans un environnement propice et porteur », précise ce confrère qui compte installer des espaces herboristerie et bébé au sein de l'officine. En outre, au lieu de deux préparatrices, la pharmacie qui déménage à 80 mètres seulement de ses locaux actuels, en embauchera trois de plus, dont une naturopathe, ainsi que des conseillères en parapharmacie et esthétique.
Côté Médiprix, le même modèle de développement est en cours de déploiement à Roanne (Loire) et à Montpellier (Hérault). Outre les membres de la Médiprix Académie, le groupement basé dans l'Hérault nourrit l'objectif de compter 120 pharmacies adhérentes d'ici à la fin de l'année.
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