LORS des débats à l’Assemblée nationale sur la délivrance à l’unité dans le cadre du PLFSS, le député Céleste Lett a déploré que l’initiative lancée par Marisol Touraine se limite à une simple expérimentation. Il appuie son argumentation sur des expériences de délivrance, certes un peu différentes, menées ces dernières années en Allemagne… et qui ont toutes été arrêtées faute de financement. Très présent sur ce thème dans les médias ces derniers jours, M. Lett vante l’initiative d’un grossiste-importateur allemand, Kohlpharma, installé à Merzig, dans la Sarre, au voisinage immédiat de sa circonscription. Kohlpharma a développé un système de blistérisation automatique des prescriptions, baptisé 7X4. Grâce à lui, les médecins suivant des patients chroniques, en institution ou à domicile, pouvaient prescrire un traitement hebdomadaire que le grossiste se chargeait de répartir exactement dans des blisters de 28 cases, permettant donc 4 prises par jour, précisément indiquées sur les blisters. Le grossiste a investi entre 70 et 100 millions d’euros dans la conception et la fabrication de l’unité de blistérisation. Il espérait multiplier son chiffre d’affaires par 4 à l’horizon 2012, en délivrant ses blisters à plus de 100 000 patients par semaine, via les pharmacies chargées de les commander, puis de les délivrer.
Onéreux et complexe.
Malheureusement pour Kohlpharma, ce système, qui a d’ailleurs profondément divisé les pharmaciens allemands, s’est vite révélé beaucoup trop onéreux et complexe à mettre en pratique. Après l’avoir expérimenté auprès de 700 patients en institution, entre 2009 et 2010, plusieurs caisses de maladie allemandes, à Berlin, dans le nord du pays et en Bavière, ont mis fin à leur coopération avec le grossiste pour des raisons financières. Depuis l’été 2011, les machines flambant neuves de Kohlpharma sont à l’arrêt, même si le grossiste assure qu’il ne renonce pas à son projet.
Après cette date, Kohlpharma a envisagé de transférer son unité de blistérisation à Sarreguemines, afin de se lancer sur le marché français, ce qui aurait réclamé au préalable une modification de la législation française. Convaincu de la justesse du projet, le député Lett est intervenu en ce sens auprès du gouvernement de l’époque qui, regrette-t-il, n’a pas donné suite. Pourtant, selon lui, la généralisation de la préparation des doses à administrer permettrait d’économiser 900 millions d’euros par an, la moitié auprès des patients en EHPAD et le reste auprès des patients à domicile, grâce à une meilleure observance et une baisse de 30 % des hospitalisations pour iatrogénie. Le député estime, par ailleurs, que le système « préserve l’économie des officines et renforce les missions de santé publique des pharmaciens ».
Un leurre économique.
Selon lui, « la frilosité des gouvernements de droite comme de gauche », mais aussi « le corporatisme et la résistance des syndicats d’officines » n’ont pas permis au projet de se concrétiser à Sarreguemines, mais le débat actuel sur la dispensation à l’unité est l’occasion de le relancer.
Les pharmaciens lorrains, qui ont eu l’occasion de rencontrer M. Lett, se montrent beaucoup plus prudents : « la délivrance des antibiotiques à l’unité est un leurre économique », souligne Benoît Beaudoin, vice-président de l’URPS-pharmaciens de Lorraine, en relevant au passage que « ce n’est pas avec des mesures de ce type que les Allemands ont rétabli les comptes de leur Sécurité sociale ». Selon lui, les patients ramèneraient - ou jetteraient - des blisters au lieu de ramener des boîtes, mais cela ne changerait pas grand-chose au problème de l’observance. Il rappelle enfin que les pharmaciens ont la compétence pour faire des piluliers, et le font déjà dans les EHPAD, dans un cadre réglementaire et sécurisé.
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