L’e-cigarette Juul pire que le tabac ?

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Publié le 03/10/2018

e-cig Juul
Crédit photo : DR

Lancée en 2015 outre-Atlantique, l’e-cigarette Juul a conquis les Américains et détient plus de 70 % de parts de marché. Mais le dispositif suscite une forte inquiétude des autorités sanitaires, poussant la FDA à prendre des mesures exceptionnelles.

En trois ans, le fabricant de cigarette électronique Juul Labs a largement supplanté ses concurrents. Son succès repose sur plusieurs facteurs : le design de son dispositif, ressemblant à s'y méprendre à une clé USB, qui tient dans la paume de la main et se montre particulièrement discret ; la simplicité de la recharge par USB justement, sans besoin de chargeur dédié ou de câble ; un marketing agressif les premières années auprès des jeunes sur les réseaux sociaux. Un succès que l'agence du médicament américaine, la FDA, voit d'un œil mauvais. Si le vapotage est une alternative sanitaire intéressante pour les fumeurs de tabac, l'intérêt de non-fumeurs, jeunes de surcroît, pour l’e-cigarette n'a rien de bénéfique. Or la FDA parle d'une « épidémie de consommation régulière de nicotine chez les adolescents ».

Rappelant les lois américaines, la FDA souligne que les produits de vapotage ne doivent pas être vendus à des mineurs et a demandé en avril dernier à Juul Labs de lui transmettre ses documents marketing. La société affirme avoir fourni plus de 50 000 pages de documents. Insuffisant pour la FDA, dont les agents ont mené vendredi une inspection au siège de la société et saisi plus d'un millier de documents sur ses pratiques marketing. De plus, le 12 septembre dernier, l'agence a sommé Juul Labs et tous les fabricants de cigarettes électroniques de lui présenter, d'ici à 60 jours, un plan pour prévenir toute vente à de jeunes consommateurs et pour cesser la production de saveurs attirantes. Elle a aussi envoyé plus de 1 300 lettres d'avertissement et d'amendes à des distributeurs qui ont vendu des produits de vapotage à des mineurs.

Néanmoins, Juul Labs compte bien continuer son expansion. Avec un chiffre d'affaires en hausse de plus de 300 % en 2017, à 245 millions de dollars, et un chiffre d'affaires 2018 qui pourrait atteindre les 940 millions de dollars selon le site Axios, il n'hésite pas à entreprendre des levées de fonds pour conquérir de nouveaux marchés. Lancée en Israël en mai, la Juul y est interdite à l'importation et à la vente depuis septembre à cause de son niveau très élevé de nicotine. Elle a été lancée mi-septembre au Canada et le 10 août dernier en Angleterre. Le « juuling » atteindra-t-il la France ?