AVEC 8,7 millions de dossiers ouverts en France depuis son lancement, le DP est une affaire qui marche. Mais qu’en est-il en milieu hospitalier ? C’est ce qu’ont voulu savoir l’Ordre national des pharmaciens et le Direction générale de l’offre de soins avec l’expérimentation, lancée au début du mois de juin, dans cinq CHU ou établissements hospitaliers, dont le CHU de Nîmes. Le premier objectif de cette expérimentation est thérapeutique. « Nous devons évaluer l’intérêt de ce dossier pharmaceutique pour les patients ambulatoires », explique Armelle de Veuley, praticien hospitalier au CHU de Nîmes et membre du comité de pilotage de l’Ordre régional des pharmaciens. Ces patients viennent en effet chercher certains traitements dans les pharmacies hospitalières pour des pathologies précises, tandis qu’ils vont dans les officines pour d’autres. « Lors de l’historique dressé à l’entrée du patient dans la pharmacie hospitalière, oublis et incohérences sont fréquents et un patient sur cinq a des discordances dans ses traitements », constate Armelle de Veuley. Corriger ces incohérences grâce au DP « pourrait également faire gagner une demi-heure par patient à l’entrée de la pharmacie hospitalière sur les 45 minutes actuellement nécessaires », ajoute-t-elle.
Présence masquée.
Les patients qui viennent en milieu hospitalier chercher leurs traitements ont des pathologies particulières, comme les hémophiles dont la médication n’est pas disponible en officine de ville, ou lourdes, qui nécessitent de faire particulièrement attention aux interactions médicamenteuses. C’est le cas notamment des patients atteints par le VIH. « Les trithérapies sont des traitements dont les effets secondaires peuvent impliquer des interactions médicamenteuses », souligne Éric José, titulaire de la pharmacie José Lesur, à Saint-Gilles, près de Nîmes, et par ailleurs référent pour le DP pour l’Ordre régional des pharmaciens. Les officines de ville, ainsi que les nomment les pharmacies hospitalières, ont tout intérêt à disposer du maximum d’informations sur ces patients, tout en respectant la confidentialité dont ces derniers ont besoin. Dans la mesure où le patient a la liberté de déterminer si tel ou tel traitement n’apparaît pas dans son DP, les pharmaciens, qu’ils soient de ville ou à l’hôpital, ne le voient pas. D’où l’intérêt d’avoir une présence « masquée » en quelque sorte. « Le pharmacien dispose ainsi de l’information qu’il y a d’autres médicaments non mentionnés dans le DP », souligne Armelle de Veuley. « Pour en savoir plus, il faut entamer le dialogue avec le patient. »
À côté de cet objectif principal de diminuer les interactions médicamenteuses et d’éviter ainsi des erreurs de traitements, l’intérêt de cette expérimentation est aussi de rapprocher la ville de l’hôpital, notamment par le biais du patient qui peut ainsi favoriser ce dialogue, plutôt faible si l’on en croit Jean-Marie Kinowski, chef de service de la pharmacie au CHU de Nîmes.
Cette expérimentation du DP en milieu hospitalier a aussi un autre objectif, « tester la faisabilité d’intégrer un dossier pharmaceutique dans un système informatique d’hôpital », selon Jean-Marie Kinowski. L’informatique des hôpitaux est encore plus complexe que celle de l’officine, avec des milliers de postes, de très nombreuses applications, des réseaux de communication… Bref, le DP ne s’insère pas si facilement dans un système d’information. L’un des critères du choix des établissements hospitaliers réalisé par le ministère de la Santé pour cette expérimentation a sans doute été lié au système d’information et à la qualité de l’informatisation de la pharmacie, suggère d’ailleurs Jean-Marie Kinowski. En l’occurrence, une bonne interface entre le DP et le système d’information de l’hôpital permettra d’avoir un historique précis et d’éviter une ressaisie de ces informations, toujours génératrice d’erreurs potentielles.
L’expérimentation va durer neuf mois, durant lesquels toutes les pharmacies équipées de DP à Nîmes, soit un peu plus d’une pharmacie sur deux (54 % au niveau du département du Gard selon Éric José) seront de fait confrontées à un moment donné à un patient dont un traitement a été prescrit et fourni par l’hôpital. Un rapport sera fourni à la ministre de la Santé, qui décidera ou non de généraliser l’expérience.
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