- Vous êtes un nouveau, vous ? Donnez-moi donc de la morphine. J'ai mal au dos, demande la cliente.
- Non Madame, je ne peux pas. La morphine c'est très réglementé, c'est un antalgique fort et…
- Mais si, donne-lui sa morphine, intervient Juliette. Tenez Madame, en solution buvable c'est mieux. À la vôtre !
Julien regarde Juliette d'un air ahuri. Elle verse copieusement dans une coupe un liquide jaune, puis tend la coupe à sa patiente qui boit le contenu d'un trait.
- Et pour le p'tit ? Z'avez rien ? Il dort pas, jamais. Arrête avec les brosses à dents, toi.
J-C arrive sur des rollers et tourne autour des clients de la pharmacie. Il est poursuivi par Nicole Bertin la préparatrice.
- Attrape-moi, vieille Bertin, attrape-moi !
Nicole Bertin a beau avancer, elle ne bouge pas d'un poil. Elle râle :
- Lou, ce périmé ! Tu n'as pas trié les périmés !
Lou s'en fiche ; elle rit de bon cœur avec Juliette qui lui tend le breuvage de morphine.
Julien ne comprend rien. Il veut sortir de la pièce, il est mal à l'aise. Karine sort et lui bloque le passage. Elle est grande, beaucoup plus grande que lui. Elle porte un bébé dans le bras.
- Regarde Julien, je vais accoucher. Viens, je vais te montrer.
Elle commence à se tordre de douleur, avant d'éclater de rire.
Quelqu'un tape sur l'épaule de Julien. Quand il se retourne, il voit Monsieur André juste derrière lui :
- Jeune homme, je savais bien que je ne pouvais pas vous faire confiance. Vous m'avez donné le mauvais médicament. Je prends de la metformine 850, pas 500. Oh ! Vous voulez me tuer !
Julien commence à transpirer. L'erreur de dosage ; c'est ce qu'il redoute le plus. En plus du dosage, il s'est trompé de médicament. Il a donné de l'amoxicilline 500 mg à Monsieur André. Son diabète risque d'être complètement déstabilisé. Mais il ne faut rien dire. Monsieur André n'a remarqué que l'erreur de dosage. Le vieil homme prend alors les gélules dans la main, et les avale. Maintenant c'est trop tard.
J-C, toujours sur ses rollers, vient voir Julien. Il hurle :
- Je ne crois pas que tu seras pharmacien. Tu te trompes le premier jour de ton stage. À croire que tu ne sais rien ! Tout ça c'est de la faute des syndicats. Si, si, Monsieur André. Vous allez mourir à cause de nos syndicats et de Leclerc. Venez danser avec moi. Ce sera mieux pour mourir.
Julien se réveille en sursaut. En sueur, il regarde la faible lumière des lampadaires qui filtre à travers les rideaux de sa chambre. Il essaie de se rappeler ce qu'il a délivré à Monsieur André, tout à l'heure à la pharmacie. Peu à peu, il revient à la réalité. Monsieur André venait seulement chercher un complément d'ordonnance. Et Julien n'a délivré aucun traitement par metformine au cours de cette première journée. Il n'est plus à la pharmacie ; il est dans son lit. Il n'a pas fait d'erreur de délivrance. C'est un cauchemar, le fameux cauchemar du pharmacien.
(À suivre…)
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