PARTIS À DOS de mulets de São Paulo en 1696, des aventuriers découvrent les premières pépites d’or dans le lit d’une rivière. Ils baptisent la région Minas Gerais (mines générales). C’est le début du western brésilien. Ou plus exactement le partage violent d’un joli pactole. Un témoin avait commenté : « Dieu a permis la découverte de ces richesses pour punir le Brésil. » Le Portugal observe cette précieuse effervescence avec d’autant plus de gourmandise qu’il prélève le cinquième de l’or découvert. Cela tombe bien, le marquis de Pombal va reconstruire magnifiquement Lisbonne avec le métal jaune venu de sa colonie américaine.
À l’aube de l’indépendance, la région des mines est la plus peuplée du Brésil, avec près de 500 000 hommes libres et 170 000 esclaves. Des villes sont nées – rassemblement de campements de fortune et de villages – à proximité des mines qui regorgent toujours d’or, de diamants et de toutes sortes de pierres précieuses dont la simple évocation donne le tournis.
À la gloire de Dieu.
La plus célèbre est Ouro Preto, entièrement classée monument historique. Nulle part ailleurs, au Brésil, le baroque ne s’est fait plus original. Construite sur plusieurs collines, l’ancienne capitale du Minas Gerais multiplie les perspectives d’où prolifèrent les monuments à la gloire de Dieu. Un culte pour tous, Blancs, Noirs, métis, mais le brassage n’est pas à l’ordre du jour : chacun a son église ou sa chapelle réservée. On n’en dénombre pas moins de 14, toutes érigées avec la plus grande ferveur.
À mesure que le temps passe, les modèles importés de la métropole s’enrichissent des talents locaux. Les indigènes apportent leur virtuosité ; toutes sortes d’influences africaines, germaniques, françaises et orientales annoncent l’émergence du baroque brésilien. Les anges aux yeux bridés rappellent la présence portugaise à Macao, et certaines volutes, guirlandes et boiseries richement travaillées renvoient aux églises de Bavière.
Artiste de génie.
À Tiradentes, une autre grande ville du Minas Gerais, qui a pris le nom d’un révolutionnaire pendu en 1789, la décoration intérieure de l’église Santo-Antonio a requis 480 kg d’or. Sa façade est l’une des dernières commandes connues de la star du baroque brésilien : Antonio Francisco Lisboa dit l’Aleijadinho (c’est-à-dire l’estropié, il souffrait d’une arthrite déformante). À 36 ans, cet artiste de génie, qui était le fils d’un architecte portugais et d’une esclave, avait réalisé ce qui était son rêve le plus cher : créer une église de toutes pièces, imaginant les plans et prenant en main toute l’ornementation. À Ouro Preto, l’église Saint-François-d’Assise marque l’apothéose de son talent d’architecte et de sculpteur. Aujourd’hui, la modernité du Minas Gerais s’exprime à Belo Horizonte, capitale de la région depuis 1897. Cette cité champignon connaît une croissance industrielle et commerciale fabuleuse. En cinquante ans, sa population a été multipliée par dix. Simple centre de transit et de ravitaillement pour les chercheurs d’or au XVIIIe siècle, Belo Horizonte est devenue la troisième ville du Brésil. Rues tirées au cordeau sur le modèle de Washington, gratte-ciel, pollution et chômage. Au milieu des vieilles bâtisses construites dans le style décadent de la Belle-époque, Niemeyer a imaginé un immeuble-serpent et une chapelle ondulant sous les céramiques bleues. Dans la foulée, il faisait surgir d’un désert rouge Brasilia, capitale du futur, ode moderne au béton triomphant. C’était dans les années 1960. Depuis, ce pays – presque un continent – est promis à un avenir radieux : un sol riche, des élites, un peuple jeune et bouillonnant de sangs mêlés. Tant mieux, car les doux rêves de l’or facile n’ont duré qu’un siècle.
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