MUNI d’une carte des sentiers de pèlerinage et d’un guide gastronomique, ce sont d’abord des coteaux verdoyants suivis de vallons d’or que le visiteur sillonne, avant d’être invité à découvrir des lieux où il fait bon vivre. Pour s’en rendre compte, il suffit de pousser la porte du restaurant de Bernard Bach, le Puits Saint Jacques (2* Michelin), à Pujaudran, aux portes de Toulouse, pour y déguster dans une ambiance conviviale un délicieux blanc de poulette « affiné au sabayon truffé ». Quelques gourmandises et peu de kilomètres plus tard, de visiter le musée européen d’Art campanaire de la halle-musée de l’Isle-Jourdain, où, de carillons en tympans, Alain Jouffray raconte l’histoire du Gers et du pays gascon tout entier.
Si, selon le réalisateur Étienne Chatiliez, le bonheur est dans les prés gersois, les villes gasconnes valent aussi le détour, comme Auch, une étape majeure pour les pèlerins marchant en direction de Saint-Jacques-de-Compostelle. La cathédrale Sainte-Marie en est le joyau mais aussi l’escalier monumental d’où la statue de d’Artagnan interpelle le visiteur, sans oublier les pousterles abruptes, la maison d’Henri IV et les façades dominées de mirandes avec vue sur les toits et ruelles du quartier historique.
Le chemin des pèlerins.
Depuis le Moyen Âge, des pèlerins ont marqué les coteaux gersois de leur passage en érigeant de nombreuses merveilles architecturales, religieuses ou non, dans des cités avec vue imprenable sur les emblématiques champs de tournesols. Le village de Lavardens, par exemple, l’un des principaux fiefs des comtes d’Armagnac, si parfaitement ajusté à son éperon ou, entourée d’un paysage bucolique, Larressingle, la plus petite et la plus pittoresque des villes fortifiées, si justement surnommée la « petite Carcassonne ».
Classée « ville d’art et d’histoire », Lectoure, capitale de la Lomagne, est l’une des cités les plus anciennes du Gers. Élégante aussi avec sa cathédrale Saint-Gervais et son clocher-tour, ces remparts qui la ceinturent, ses galeries d’art ou l’hôtel de Bastard, aujourd’hui hôtel et table gastronomique où officie le chef Jean-Luc Arnau, membre de la Ronde des mousquetaires.
En direction de Condom, une visite à l’ancienne tannerie, les Bleus de Pastel de Lectoure, est une étape quasi obligée. On y découvre l’étonnante histoire du pastel oublié qu’un couple de passionnés, Denise et Henri Lambert, a fait renaître en 1994 et qui fait les beaux jours de l’industrie du textile, de la mode, des beaux-arts ou de la cosmétique.
Connue depuis toujours pour son célèbre armagnac, Condom fait sourire, à cause de son nom, les touristes anglo-saxons, qui se font photographier devant la pancarte de la ville. Si le musée de l’Armagnac ou la maison Ryst-Dupeyron attirent toute l’année de nombreux visiteurs, le récent musée international du Préservatif (ouvert l’été) est aujourd’hui l’un des lieux majeurs de la cité viticole. Avant de la quitter, un salut s’impose aux quatre mousquetaires de bronze du sculpteur russe Zurab Tsereteli installés au pied de la cathédrale.
À quelques kilomètres à l’est, l’arrivée, au terme de petites routes serpentant entre les coteaux, offre la surprise de la collégiale de La Romieu. Mis en scène par le guide Éric Foinet, un cloître et son jardin accolés à la nef sont les seuls restes du riche ensemble édifié par un cousin et camérier du pape Clément V. S’il décline l’invitation à vous accompagner au haut sommet de la tour octogonale pour y admirer l’horizon gersois, il se rattrapera en dirigeant à coup sûr votre regard vers de mystérieux anges noirs peints sur les voûtes de la sacristie.
Chaque virage des routes gersoises dévoile un nouveau paysage où apparaît tantôt une puissante sentinelle de pierre, perchée à fleur de ciel, tantôt un pigeonnier au milieu d’un champ de tournesols. Si Fourcès, l’Isle-Bouzon, Montréal, Saint-Clar, Fleurance ou Mauvezin sont de jolies cités et bastides, l’abbaye de Flaran, à Valence-sur-Baïse, est l’une des plus belles surprises du voyage. Merveille cistercienne, l’abbaye est l’image parfaite du monastère tel qu’il pouvait se présenter à la veille de la Révolution. Aujourd’hui, transformé en un centre fameux d’expositions et d’activités nombreuses, il s’adresse à tous et mène une action toute particulière à destination des enfants.
Comme elle a commencé, l’échappée gersoise ne peut se terminer qu’après avoir savouré l’emblématique fois gras proposé par le jeune chef Éric Sampietro, de la Table des Cordeliers (2 toques Gault Millau), à Condom. Pressé aux figues ou en raviole, c’est dans le cadre unique d’une chapelle qu’il nous convie à goûter au divin foie et à partager une certaine idée du bonheur.
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