Micropsie

L'AVC qui fait voir petit

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Publié le 07/10/2019

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C'est l'histoire d'un homme de 64 ans qui se présente au centre médical universitaire de Groningue, à Amsterdam (Pays-Bas). Il se plaint d'une perte temporaire de la vision. Une IRM révèle alors un infarctus du lobe droit occipital et pariétal. Comprenez un AVC. Le patient rentre chez lui avec un traitement et quelques conseils d'autosurveillance. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais, une dizaine de jours plus tard, le patient reprend la direction de l'hôpital pour un déficit moteur du bras gauche. Un scanner montre une extension des lésions dans l’hémisphère droit en arrière et latéralement. Mais surtout, l'homme déclare qu’il voit tout à une taille réduite, correspondant à 70 % de la taille réelle. L'AVC a généré une micropsie. Celle-ci est constante et n’est influencée ni par la position de la tête ni par la distance à laquelle le patient se trouve des objets ou des personnes qu’il voit. Un géant dans un monde de nains. En se regardant dans le miroir, il se voit également à 70 % de sa taille réelle. Le trouble diagnostiqué est parfaitement conforme à la localisation de l'atteinte cérébrale repérée au scanner qui a déjà été plusieurs fois observée chez des patients souffrant de micropsie et de métamorphopsie (trouble de la vision caractérisé par une déformation des images). « L’infarctus unilatéral dans la région occipito-pariétale a provoqué chez notre patient un déficit visuo-sensoriel contro-latéral qu’un processus inconscient de niveau supérieur tente de compenser au prix de la création d’un monde rétréci », expliquent ses médecins. Comment le sexagénaire évalue-t-il la proportion de rétrécissement subjectif à 70 % ? En se fondant sur la connaissance qu’il avait d'objets usuels avant son AVC. Dans un magasin de prêt-à-porter, par exemple, il a tendance à choisir des vêtements de taille XL plutôt que M (sa taille réelle) lorsque l’étiquette n’est pas visible. La micropsie génère aussi chez le patient un sentiment d’insécurité, allant parfois jusqu’à se demander s’il peut emprunter un couloir sans risquer de se cogner contre les murs. Un géant qui a peur…

Didier Doukhan