M. Polanski a remporté des succès et parfois des triomphes, avec des films de toute beauté, comme « Le Pianiste ». Son « J'accuse » est acclamé par le public. Mme Monnier intervient donc à un moment important pour le vieux cinéaste qui, certainement, n'avait pas besoin de ce nouveau scandale. Car nous sommes habitués à ses rapports conflictuels avec la justice. Un procureur américain, peut-être séduit par la perspective d'un scandale qui auraient mis en valeur son talent d'inquisiteur, a lancé une enquête contre le réalisateur à la suite d'une plainte déposée par un femme que M. Polanski aurait violée en 1977. Aux États-Unis, il n'y a pas prescription pour ce genre de délit, et M. Polanski a été confiné dans son chalet suisse jusqu'à ce que la justice suisse rejette la demande d'extradition adressée à Bâle par la justice américaine. Depuis, la victime de M. Polanski lui a pardonné, mais, s'il mettait les pieds aux États-Unis, il serait immédiatement arrêté.
La dénonciation de Mme Monnier fait peser une menace lourde sur le « J'accuse » de M. Polanski. Lorsque l'affaire franco-suisse a éclaté, Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, avait pris fait et cause pour le réalisateur français. Ce n'est pas le cas de Frank Riester, actuel ministre de la Culture qui estime qu'« une œuvre, si grande soit-elle, n'excuse pas les fautes de son auteur ». Entretemps, le mouvement #metoo est passé par là, ce qui change tout. Dans les deux cas, il y a faute du ministre. M. Mitterrand a exonéré trop tôt M. Polanski qui, d'ailleurs, n'a jamais comparu devant la justice américaine. M. Riester n'a pas soutenu la présomption d'innocence, rejoint en cela par Delphine Ernotte, présidente de France-Télévisions, qui a remis en cause l'investissement de son organisme dans le film de M. Polanski.
Le réveil des consciences
Les avocats du cinéaste ont nié formellement la culpabilité de leur client dans l'affaire Monnier qui, il faut quand même le constater, arrive à point nommé pour discréditer un grand artiste et surtout une œuvre qui devrait être admirée par les générations à venir. Ce qui doit nous faire réfléchir sur ce mouvement social essentiel et parfaitement justifié qui tend à protéger les femmes contre tout harcèlement sexuel. Il a certes pris une ampleur telle que des femmes qui n'auraient jamais osé se plaindre auparavant s'appuient sur cette lame de fond pour révéler ce qu'elles ont subi. À quoi s'ajoute le fait que le comportement de Roman Polanski avec les femmes dans les années soixante-dix laisse songeur. Et si M. Riester tire de l'affaire une leçon différente de celle de Frédéric Mitterrand, c'est bien parce que la tendance sociétale de fond aujourd'hui, c'est de voler au secours des femmes victimes d'abus sexuels.
Faut-il pour autant jeter le bébé avec l'eau du bain ? Faut-il, dans ce cas précis, confondre l'artiste, un humain périssable comme les autres, et son œuvre, qui compte plus que lui ? Le problème, dans cette atmosphère de délation générale, c'est que l'accusé est largement condamné avant d'avoir été jugé. Si, dans quelque temps, Mme Monnier gagne un procès éventuel, ce ne sera que justice. Mais si elle le perd ? Elle aura ébréché un peu plus la stature du cinéaste qui, si on en croit les propos de Mme Ernotte, risque de ne pas s'en relever. Toutes les femmes du monde méritent le respect infini des hommes. Mais le réveil des consciences, indispensable, risque de provoquer des dégâts considérables s'il est poussé trop loin. Dans ma réflexion, l'admiration que m'inspire le cinéaste joue un rôle essentiel. Mais cela me permet d'ajuster mon jugement. Seule la justice peut dire si M. Polanski est coupable ou innocent. Entretemps, il faut aller voir ses films et le laisser en faire de nouveaux. Certes, il est âgé et parvient au soir de sa vie. Mais on ne peut pas juger à la place des juges.
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