Bien qu'il ait élargi et accentué les mesures qu'il comptait annoncer dès le 15 avril, le chef de l'État a très clairement indiqué qu'il ne ferait pas le programme de l'extrême gauche ni celui de l'extrême droite, ce qui lui a valu, des mêmes, une volée de bois vert. Non, il ne dissoudra pas l'Assemblée, non il ne démissionnera pas. Non, il n'est pas question d'un RIC, référendum d"initiative citoyenne, réclamé par les gilets jaunes et la France insoumise. Non, il ne rétablira pas de sitôt l'Impôt de solidarité sur la fortune. En revanche, il diminuera les effectifs des deux chambres de quelque 30 % et introduira une dose de proportionnelle de 25 %. Il trouvera cinq milliards pour financer la hausse des revenus les plus bas, supprimera l'ENA et créera de nouvelles écoles de formation des hauts fonctionnaires, se lancera dans une vaste offensive contre la pollution, notamment en instaurant la taxe carbone, réindexera toutes les retraites au plus tard en 2021, portera un jour le minimum vieillesse à 1 000 euros par mois, achèvera à coup sûr son projet de retraite à points sans changer la date de départ (62 ans).
Prendre la tête de l'insurrection.
La longueur de la conférence de presse (deux heures et demie), la multiplicité des décisions (dont la plupart étaient connues, ce qui a atténué leur impact), mais surtout le ton très conciliant qu'il a adopté pour s'adresser sinon aux gilets jaunes, dont il a condamné les violences, mais aux gens dont le revenu est insuffisant, indiquent que le président a profondément révisé son programme. Quoi qu'en disent ses éternels et peu imaginatifs détracteurs, il y avait quelque de très nouveau dans cet épisode important de son mandat: le ton, qui est différent, le format de la conférence de presse (gigantesque), la sincérité des propos, notamment quand il explique qu'il ne fera que ce à quoi il croit et rejette les erreurs stratégiques suggérées par ses pires adversaires. Macron est resté fort macronien et ses enthousiasmes n'ont pas pris une ride : il n'a pas voulu l'insurrection mais, avec l'assurance qui le caractérise, il en prendrait bien la tête.
D'ailleurs, l'audace avec laquelle il assure qu'il financera des mesures sociales coûteuses tout en restant réformiste et libéral a quelque chose de confondant. Certes, n'importe quel président confronté à un tel séisme social se hâterait, comme lui, d'en tirer très vite la leçon. Il nous a parlé de l'art d'être français, il a en réalité l'art de rester Macron, quoi qu'il arrive. C'est une excellente méthode pour garder avec lui son noyau électoral, cela risque de lui aliéner ceux des électeurs qui, en 2017, ont massivement voté pour lui, et lui ont donné une majorité plus que confortable. Je ne sais pas si les Français seront sensibles à son mea culpa et à sa si soudaine humilité, mais je ne crois pas une seule seconde que les gilets jaunes voteront pour lui à la suite de mesures dont le coût ne cesse pourtant d'augmenter.
En revanche, les citoyens qui, sans jamais manifester, se plaignent d'être mal lotis, s’intéresseront à la réindexation des retraites, à la baisse de l'impôt sur le revenu, qui s'additionnent aux dix milliards qu'il a déjà distribués. Bref, les dés sont jetés, car le gouvernement va s'efforcer, d'ici au 26 mai, date des élections européennes, de mettre en œuvre des mesures dont Macron voudra tirer un avantage politique. La convergence des critiques qui ont suivi la conférence de presse, la formidable union de façade qu'affichent des partis politiques qui n'ont rien en commun, sinon la détestation pure et simple du président, le mépris des gilets jaunes pour tout ce qui vient de l'Élysée nous laissent penser que, malheureusement, l'agitation sociale ne prendra pas fin de sitôt. Cela dit, le président a réussi un tour de force, en enveloppant dans une sémantique habile des idées contradictoires. Il n'avait qu'un objectif : tenir bon, et maintenir les institutions.
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