MADAGASCAR s’est coupée du reste du monde voici 80 millions d’années. Champ clos où l’évolution a pu s’engager dans des voies originales, l’île semble collectionner les bizarreries du monde vivant. Leur inventaire tient du « Livre des records ». Il y a plus d’une cinquantaine d’espèces de caméléons. Ils gardent un œil sur le passé et l’autre sur l’avenir. Leur capacité à changer de couleur était un signe de stress. Ils l’ont perdue en s’habituant à l’homme. La Grande Île abrite à elle seule la presque totalité des espèces de lémuriens du monde. Le maki aime les forêts sèches, les fourrés d’arbres épineux, où il vit en bandes ; l’aye-aye, lémurien nocturne, a été sauvé in extremis sur l’île de Nosy Mangabe. Dans la montagne d’Ambre, les pluies ont creusé une infinité de grottes, de cavernes et de rivières souterraines, infestées, dit-on de crocodiles.
À l’ouest du pays, la région de Morondava possède l’une des plus impressionnantes forêts de baobabs. Sur les huit espèces recensées dans le monde, six poussent à Madagascar (une en Afrique et une autre en Australie). Ces « arbres qui poussent à l’envers » sont aisément reconnaissables : un tronc généralement lisse parfois surmonté d’un maigre toupet de feuilles. Parfois, des chevilles de bois sont fichées dans le tronc pour récolter les fruits dont la pulpe acidulée est comestible. Située du côté d’Antalitoka, une allée de baobabs fait, au coucher du soleil, le bonheur des touristes qui ont accepté d’affronter un mauvais chemin. Ces arbres préhistoriques bordent aussi par endroits la majestueuse rivière Tsiribihina, qui va se jeter dans l’océan après avoir dessiné un gigantesque delta. Ses rives chargées de sables et d’alluvions sont ornées d’un patchwork de champs que des jardiniers, surgis mystérieusement d’un rideau d’arbres, de lianes et de verdure exubérante, viennent cultiver.
D’ici, le voyageur n’est plus très loin de la réserve naturelle des Tsingy de Bemaraha. Une vilaine piste qu’il vaut mieux éviter d’emprunter pendant la mousson mène à ce formidable paysage inscrit depuis vingt ans au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il paraît que Tsingy signifie « où l’on ne peut marcher pieds nus ». On veut bien le croire : les bords des canyons sont tranchants comme une lame de rasoir. L’immense massif calcaire, fortement déchiqueté, forme à perte de vue une forêt d’éperons calcaires, de pics et de rocs effilés, tantôt gris, tantôt d’une blancheur étincelante. Cette curiosité géologique s’est formée en profondeur à partir de cavités profondes. La mousson a fait le reste en ciselant le sommet d’un vaste dépôt calcaire, tandis que les eaux souterraines rongeaient la roche le long des lignes de rupture.
Nationale 7.
Pour découvrir la région des Hauts-Plateaux – c’est là qu’est concentrée la plus forte densité de la population malgache –, on emprunte la mythique nationale 7, construite par les Français à l’époque coloniale et goudronnée de frais il y a une dizaine d’années. Elle joint Tuléar, située au sud-ouest sur la côte, à Tananarive. Ces 1?000 kilomètres d’un ruban noir ourlé de latérite où apparaissent quelques camions et taxis-brousse traversent des paysages bucoliques d’un autre temps. Des rizières en terrasse à perte de vue – avec 130 kg par an, le Malgache est le plus grand consommateur de riz au monde?– alternent avec des montagnes altières et des collines coiffées d’un bouquet de maisons à deux étages couleur terre.
Antananarivo (Tananarive), la capitale, a plutôt l’allure d’une sous-préfecture. Elle étage ses vieilles maisons et ses jardins sur plusieurs collines, tel un archipel, au milieu de l’étendue vert tendre des rizières qui l’entourent à perte de vue. Le marché de la capitale est parsemé comme un champ de pâquerette par d’innombrables parasols qui servent à la fois à se protéger du soleil et des brusques déluges de la mousson. Sur les tréteaux, des épices incomparables : cannelle, girofle et vanille. On n’y voit pas autant de pousse-pousse qu’à Tuléar ou Antsirabé. Mais la Révolution de l’Amiral rouge* ne les a jamais interdits alors qu’ils étaient proscrits dans la plupart des autres pays pour cause d’aliénation. Madagascar ne s’est pas encore remis d’un demi-siècle d’incapacité politique. Niché sur une des plus hautes collines de la ville, le palais de la reine Ranavalona III est visible à plusieurs kilomètres. Il a brûlé en 1995 et sa reconstruction n’est pas encore achevée. Situé sur la même colline, le palais d’Andafiavaratra, le Premier ministre de la reine, rassemble les objets récupérés dans le palais de la reine, mais sa visite demeure périlleuse : l’immense coupole en verre menace à tout instant de s’effondrer.
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