PRATIQUEMENT, nous, Européens, ne faisons rien pour les aider. Les dirigeants de l’Union se contentent d’adresser des admonestations au président Viktor Ianukovitch. Les réactions américaines sont encore plus neutres : Barack Obama a téléphoné à Vladimir Poutine, il n’a même pas évoqué le cas ukrainien. Il n’est pas question de créer un rapport de forces dangereux ; l’Europe a des accords avec l’Ukraine, elle peut les geler. Elle peut aussi prendre des sanctions commerciales contre un gouvernement arbitraire qui refuse de prendre en compte le soulèvement d’une bonne moitié de la population. En tout cas, des hommes et des femmes qui se battent tous les jours, dans des conditions pénibles, contre les abus de pouvoir en se référant sans cesse à l’Ouest dont ils sont si proches, cela mérite un effort.
L’Union européenne et les États-Unis, c’est entendu, ne peuvent pas tout faire. La France, par exemple, n’est pas en mesure de poursuivre une guerre au Mali, de ramener l’ordre en Centrafrique et d’aller tambour battant dans toutes les régions du monde où les droits humains les plus élémentaires sont bafoués, en Syrie, où une dictature d’une cruauté répugnante continue à massacrer son propre peuple, en Irak, où a lieu une nouvelle guerre civile, en Afghanistan où la guerre dure depuis plus de 12 ans, au Liban toujours déchiré. M. Poutine le sait qui a bâti sur le concept des limites de l’ingérence sa propre politique, laquelle consiste à tirer pour la Russie quelque avantage économique, diplomatique ou géopolitique du retrait des Occidentaux des zones soumises à la violence.
Une tache sur le bilan de Poutine.
Il pense, parce qu’il regrette sans vergogne l’époque de l’Union soviétique, que la morale en politique n’existe pas et il ne se sent pas coupable de son patriotisme répressif. Mais l’Ukraine est une tache sur son bilan. Elle est la preuve qu’il se trompe. Elle démontre que, sans liberté, un peuple n’est jamais satisfait et que la livraison de gaz et de pétrole bon marché à l’Ukraine (plus une aide financière importante) ne suffisent pas à circonvenir des millions d’Ukrainiens qui aperçoivent de leur fenêtre, ou de leur écran de télévision, cette démocratie européenne à laquelle ils aimeraient tant appartenir.
Les émeutes de Kiev nous parlent de nous-mêmes. Elles nous parlent de l’exemple que nous continuons à offrir malgré une crise tellement grave qu’elle en efface nos repères traditionnels, qu’elle nous fait douter de nos capacités, qu’elles nous plonge dans la dépression, qu’elle a aboli notre optimisme, qu’elle nous a ôté l’espoir. « C’est encore mieux chez vous ! », semblent nous crier les émeutiers de place de l’Indépendance. Certes, ils restent admiratifs de systèmes sociaux qui protègent les malades, les chômeurs, les retraités et continuent à offrir à la société de consommation le luxe, la création artistique, la variété des produits. Mais l’appétit matériel ne suffit pas à expliquer la révolte des Ukrainiens. Ils savent en effet que la démocratie est le plus mauvais des systèmes, mais à l’exception de tous les autres. Ils troqueraient bien le degré de corruption qui sévit chez eux contre le nôtre, leur Ianukovitch contre notre Hollande, leurs émeutes contre nos grèves, l’influence asphyxiante de Poutine contre celle, bien plus lointaine, d’Obama.
Regardons le monde et sa sauvagerie du XXIème siècle pour mieux aimer le pays où nous vivons et qui reste humain malgré le chômage, les impôts et le pouvoir d’achat. Faisons enfin la part des choses.
Les émeutes de Kiev ont fait cinq morts la semaine dernière
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion