C’EST UNE NOUVELLE VOIE qui s’ouvre pour la consultation médicale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Dès l’an prochain, les patients pourront consulter leur médecin à distance, par le biais d’Internet et de webcaméras. Ce dispositif, institué par décret le 21 octobre dernier, prévu par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), est déjà une réalité dans plusieurs pays européens (Suède, Suisse). Aux États-Unis et au Canada, le recours à la télémédecine se justifie par l’étendue des territoires. En France, les distances sont moindres, mais les objectifs sont les mêmes : il faut pallier le déficit de médecins dans les zones où ils se sont raréfiés et permettre le suivi de patients qui peinent à se déplacer.
En théorie, la télémédecine peut être pratiquée partout, dès lors que les liaisons ADSL seront suffisamment performantes. Le niveau de remboursement de la consultation à distance sera fonction de la densité médicale d’une zone définie. Ce sont les toutes nouvelles agences régionales de santé (ARS) qui sont chargées d’organiser ce déploiement. Elles décideront de l’implantation des cabines de téléconsultation, un équipement dont le coût s’élève entre 75 000 et 100 000 euros.
En pratique, la télémédecine revêt deux applications majeures. L’une porte sur la surveillance médicale à distance. Il s’agit pour le praticien, qui connaît son patient, d’effectuer un suivi et d’interpréter des résultats d’examens médicaux (analyses biologiques, électrocardiogramme, etc.). L’autre consiste en une consultation menée à distance par un médecin autorisé à exercer sur le territoire national. Cette consultation est un acte médical à part entière, à l’issue duquel est établi un diagnostic. « Il n’est pas fondé sur des déclarations fournies par le patient, c’est un examen médical différent basé sur l’analyse de données objectives », précise Jacques Lucas, vice-président de l’Ordre des médecins (Le « Quotidien du Médecin » du 27 octobre).
Relais à l’officine.
Selon le décret, la téléconsultation peut se faire auprès d’un praticien tandis que le patient se trouve dans un centre de soins ou en présence d’un autre professionnel de santé, comme un infirmier ou un pharmacien. Ce dernier pourrait alors accompagner la démarche médicale en assurant, par exemple, la prise de la tension artérielle (voir encadré). Président délégué de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine), Gilles Bonnefond milite pour l’installation de systèmes de télémédecine dans les zones de confidentialité des pharmacies. La consultation à distance interviendrait lorsque le patient est à l’officine, « s’il ne va pas bien, s’il a un problème avec un médicament et si cette situation lui semble nécessiter un avis médical. » Le médecin préviendrait alors directement le pharmacien de son intention de changer de traitement ou d’ajuster les posologies. Au final, cela faciliterait la vie des patients, considère Gilles Bonnefond. Ce dispositif pourrait s’élargir au-delà des pathologies chroniques, aux situations d’urgence. Le leader de l’USPO est conscient que ce projet « effraye plus qu’il ne rassure » les médecins. Mais il va dans le sens d’une meilleure coopération entre professionnels de santé. « On doit pouvoir faciliter et protocoliser notre relation », estime t-il. S’il ne réalise pas un acte à proprement parler, le pharmacien pourrait percevoir une rémunération définie dans un cadre protocolaire.
Par ailleurs, le décret ne le prévoit pas pour l’instant, mais le ministère de la Santé souhaite que la consultation à distance puisse se clôturer par la rédaction d’une prescription, envoyée par mail au patient ou directement à son pharmacien. L’e-ordonnance serait l’aboutissement de cet acte médical d’un nouveau genre, qui pourrait rapidement se banaliser. Mais en restant une démarche bien encadrée, excluant le recours abusif et solitaire d’un patient qui n’aurait qu’à se connecter depuis son domicile au cabinet médical.
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