POUR FRANÇOIS HOLLANDE, il s’agit tout simplement d’achever M. Sarkozy, à la traîne dans les sondages. Pour le président sortant, il s’agit de remonter la pente avec l’énergie du désespoir, laquelle ne dicte pas les paroles de la sagesse. François Bayrou dénonce la « sarkhollandisation » du débat national. À chaque échéance électorale, les candidats qui peinent à se qualifier pour le deuxième tour utilisent la même argumentation. Le président du MoDem a au moins l’avantage de représenter, comme Mme Le Pen, une force non négligeable. Mais ceux, parmi les candidats, qui n’ont cessé d’affirmer qu’ils iraient jusqu’au bout pour se démettre et rallier M. Sarkozy, devraient aussi admettre que leur candidature était dérisoire, comme l’est encore la candidature de ceux qui refusent d’abdiquer, comme Dominique de Villepin. Ce n’est pas le manque d’exposition aux médias qui les affaiblit, c’est leur plate-forme qui est bizarre ou proche des credo de la droite ou de la gauche, ou encore dénuée de toute crédibilité. Par exemple, Jean-Luc Mélenchon représente une rupture par rapport aux idées classiques de la social-démocratie ou de la droite. Mais 92 % des Français craignent l’aventure où il nous emmènerait.
La disparition des candidatures dites « petites » légitimera en outre le vainqueur du second tour. C’est le jeu naturel de la Vè République dont on peut penser ce qu’on veut mais dont on ne niera pas qu’elle produit des majorités fortes, donc de la stabilité politique. Par intérêt personnel, les candidats les moins bien placés, de Bayrou à Le Pen, réclament l’introduction de la proportionnelle dans le scrutin législatif. Elle représente le mode de scrutin le plus juste. Mais elle fait automatiquement des petites formations les arbitres du débat politique. S’il reste quelque chose de puissant du gaullisme, c’est la force de la majorité. On n’affrontera pas la crise économique et financière par des combinaisons de partis, comme sous la République précédente.
On doit donc attribuer la violence verbale de la campagne à la bipolarisation en cours. Elle était inévitable parce que le contexte économique et social la favorise. Il y a maintenant deux grands groupes dans ce pays : les victimes de la crise, qui attendent d’un gouvernement socialiste qu’il mette fin au cauchemar en renforçant le filet social, quoi qu’il en coûte sur le plan des déficits et de la dette ; et un autre grand groupe, mais apparemment minoritaire, qui veut que la France de désendette, quel qu’en soit le coût social. M. Hollande a trouvé une majorité chez les pauvres, la classe moyenne et les militants de toujours qui croient au socialisme. Il est parfaitement en mesure de l’emporter. Mais il sait, au fond de son cœur, qu’il est pris dans un étau : s’il réalise son programme, il ne pourra qu’aggraver les déficits et retarder le début du désendettement. Le dilemme est visible dans la contradiction de ses propos : une fois, il nous dit qu’il « n’aime pas la finance ». Une deuxième fois, il rassure les Britanniques en réaffirmant sa qualité de social-démocrate classique qui n’a pas de couteau entre les dents et en prétendant qu’il n’y a pas de communistes en France. En conséquence, si on va au fond des choses, on s’aperçoit que le candidat socialiste se retrouve face à la quadrature du cercle : sa tête lui ordonne de rééquilibrer les comptes publics, son cœur lui commande de bercer le peuple en chantant la comptine sociale.
Le débat de fond est ignoré.
Il en va de même pour M. Sarkozy, mais dans un autre registre : l’insistance avec laquelle il présente le recours au référendum comme le thème central d’un éventuel second quinquennat indique qu’il espère combler le déficit d’affection dont il souffre en consultant le peuple à diverses occasions. D’une part, le référendum constitue un instrument dangereux : souvenons-nous que, en 2005, les Français ont dit non à la Constitution européenne et que Nicolas Sarkozy, un peu plus tard, a fait voter le traité qui la remplace par les parlementaires. Et que le général de Gaulle a démissionné de ses fonctions en 1969 à la suite d’un référendum sur la réforme régionale. D’autre part, le quinquennat est assez court pour qu’une majorité à l’Assemblée applique le programme du président. M. Sarkozy n’éprouve en réalité aucun amour pour la consultation directe du peuple. Il tente seulement de se rendre lui-même aimable.
Ces digressions de gauche ou de droite nous éloignent du débat de fond qui est la dette, les déficits, la monnaie. Les socialistes ne cessent d’enfoncer le clou à propos du bilan de M. Sarkozy, ils nous parlent moins de ce qu’ils feront pour assainir nos finances. La droite semble avoir peur de son propre bilan et elle a tort. Toutes les réformes engagées par M. Sarkozy ne sont pas bonnes mais certaines étaient indispensables, comme la réforme des retraites. On peut gagner ou perdre au terme d’une campagne, mais il faut dire la vérité.
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