AVOCET 50. Ne cherchez pas un nom de spécialité, c’est celui du bateau de Jean-François Lilti, pharmacien embarqué sur sa première Route du Rhum, la course mythique reliant tous les 4 ans Saint-Malo à Pointe à Pitre. Jovial et audacieux, notre confrère de 48 ans, père de 3 enfants, est doté d’une personnalité et d’un parcours marqués depuis l’enfance par la passion du nautisme. À l’âge de 10 ans, il gonfle ses premières voiles sur le lac de Tours. C’est aussi dans sa ville d’origine qu’il fait pharmacie. Après les études, il monte une boîte d’informatique et développe le logiciel élaboré pour sa thèse, dédié à la prescription médicale. Puis l’officine le rattrape. Depuis quinze ans, il est titulaire à Trévières, une commune située près d’Omaha Beach, dans le Calvados. « Je ne me voyais pas installé loin de la mer », justifie t-il. Sa pharmacie, comme un point d’ancrage pour le fondu des horizons marins. Sa pharmacie, arrimée non loin d’un immense chantier, celui d’Avocet 50. Nul ne peut alors ignorer les velléités nautiques de l’officinal. Le bateau est un prototype inédit. « C’est un trimaran dont la coque centrale ne touche pas l’eau », précise le navigateur, qui concourt dans la catégorie des Multicoques 50 pieds. Le trimaran est rebaptisé « Citoyens du Monde », soutenant la création d’une autorité mondiale pour la protection des océans. Il promeut une démarche écolo jusque dans ses fibres, non pas de verre, mais de lin. Les dimensions sont impressionnantes. Longueur : 15 mètres. Largeur : 10 mètres. Taille du mât : 21 mètres. Le chantier dure près de trois ans, entre 2004 et 2007. « C’est plus de 10 000 heures de travail, avec trois personnes à l’œuvre à plein-temps. » Jean-François est épaulé par des potes, un architecte naval, un ingénieur en matériaux composites. Sur les 86 concurrents de la Route du Rhum, seule une poignée ont construit eux-mêmes leur bateau.
Humour et abandon.
Le trimaran a déjà pris le départ de la Transat Jacques Vabre, en 2007, qui se solde par un abandon suite à un safran cassé. Un incident identique est survenu la semaine dernière. Le pharmacien tient le coup. Il a de l’expérience. L’an dernier, il a organisé une expédition à la voile et en montagne dans le Grand Nord. Entre 2001 et 2009, il a fait quatre fois la traversée de l’Atlantique en équipage réduit. « Je ne connais pas de solitude aussi longue que pour la Route du Rhum. On a des téléphones satellites qui permettent de communiquer au minimum. Et mon équipe m’envoie des mails et des SMS pour m’encourager ! », confie Jean-François Lilti. Il rapporte qu’un fulmar l’a accompagné pendant quelques jours. Il évoque aussi ses incidents de parcours, sa position face aux autres compétiteurs et aussi la beauté des paysages. « Ce soir, c’est bœuf strogonoff lyophilisé ! », plaisante t-il dans un message. S’engager en mer, cela s’anticipe, avec vélo et course à pied. Il faut aussi une solide connaissance des phénomènes météo. Ce qui est primordial, pour Jean François Lilti, c’est de ménager son voilier, fruit d’un travail collectif. « On ne veut pas le faire souffrir, il faut le ramener à bon port. Le matériel compte plus que l’humain. » L’homme, tout de même, se doit de tenir le coup. À bord, la résistance s’organise. « J’essaie de dormir le plus souvent possible par tranche de 20 minutes, soit 6 heures par 24 heures. » Pour soulager d’éventuels coups, il a ce qu’il faut : « ma pharmacie de bord est bien équipée ». Sa profession étant connue des compétiteurs, il a délivré quelques conseils et des médicaments, notamment des anti inflammatoires et des antinaupathiques, aux autres skippers. Il est définitivement entré dans leur monde en touchant les rivages de la Guadeloupe au terme de 17 jours de course.
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