LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – Quels sont les objectifs de la nouvelle marge des grossistes-répartiteurs négociée avec les pouvoirs publics ?
EMMANUEL DECHIN. – Il y avait deux objectifs. D’abord, que l’évolution de la marge s’effectue à enveloppe constante. Ensuite, que le nouveau dispositif corrige les défauts du système actuel, c’est-à-dire le niveau de la rémunération des produits peu chers et, à l’opposé, celui des produits onéreux, ainsi que la trop forte dégressivité de la marge. En fait, sur l’enveloppe, il n’y a pas eu de négociation, elle nous a été tout simplement imposée. J’insiste sur ce point : nous n’avons jamais accepté de baisse de marge. En clair, tout a changé en l’espace d’un été avec la nécessité pour le gouvernement de mettre en place un nouveau plan de rigueur. Ainsi, à la rentrée les pouvoirs publics nous ont expliqué que l’objectif était de récupérer sur notre marge 25 millions d’euros pour l’assurance-maladie. Dans ce contexte, nous avions deux solutions : soit cesser les discussions au risque de ne plus rien maîtriser ; soit continuer à discuter des modalités. C’est l’option que nous avons choisie, sans pour autant obtenir entière satisfaction. En effet, la correction des défauts n’est que partielle car, malgré la marge linéaire, elle reste dégressive du fait de la mise en place d’un plafond et de l’évolution du marché vers une augmentation des prix des produits chers. Pour moi, nous avons simplement réussi à limiter la casse.
Certains vous reprochent d’avoir négocié dans le dos des acteurs de la chaîne du médicament ?
Que je sache, quand les laboratoires discutent des prix fabriquant ou de l’accord-cadre, ou que les officinaux négocient leur marge, nous ne sommes pas invités à participer. Ici, la discussion concernait la marge des grossistes répartiteurs. Nous n’avons pas négocié sur la place publique, mais nous n’avons pas pour autant discuté dans le dos des autres. Nous n’avons pas cherché à nuire à l’un des acteurs de la chaîne. Il est dans notre intérêt que nos clients soient en bonne santé économique. Nous avons négocié en tenant compte de nos problématiques. Il n’y a rien d’opaque dans tout cela, nos simulations chiffrées ont été validées par les ministères du Budget et de la Santé.
Quel sera l’impact de cette nouvelle marge sur la répartition pharmaceutique ?
C’est simple, la perte est de 40 millions d’euros, si je compare la marge à la fin 2011 à celle qu’elle aurait été si la nouvelle marge était déjà en place. Et si je compare la marge actuelle à ce qu’elle sera à la fin 2012 avec le nouveau dispositif, la perte s’élève, dans ce cas, à 60 millions d’euros, en tenant compte de l’évolution possible du marché sur un an. Il s’agit bien d’une baisse de marge et en aucun cas d’une taxe supplémentaire.
Y aura-t-il des conséquences pour l’officine ?
Lorsque le pharmacien s’approvisionne auprès de nous, la modification de la marge grossiste ne l’affecte pas. C’est différent lorsqu’il achète en direct, car il est alors facturé en prix fabricant hors taxe (PF HT) et non au prix grossiste ; il peut donc, dans ce cas, être touché par l’évolution de la marge des répartiteurs. Si celle-ci augmente, cela va être positif pour le pharmacien d’officine ; si elle diminue, cela sera négatif pour lui.
Les syndicats évaluent la perte pour l’officine à 25 millions d’euros sur les achats directs de génériques. Partagez-vous cette analyse ?
Je ne conteste pas ces chiffres. Toutefois, ils vont y gagner sur d’autres produits. En fait, tout dépend du niveau de prix des médicaments. Pour les produits dont les prix sont inférieurs à 3 euros, on aura une marge plus élevée à ce qu’elle est aujourd’hui. En revanche, pour les spécialités valant plus de 3 euros, la marge sera inférieure. Cependant, en unités, près de 70 % des achats des pharmaciens effectués en direct concernent des produits de moins de 3 euros. Voilà pourquoi je pense que le nouveau système ne peut pas être négatif pour les pharmaciens. Pour nous, c’est complètement différent, car notre chiffre d’affaires est réalisé à plus de 90 % sur des produits supérieurs à 3 euros pour lesquels notre marge diminue. En résumé, les pharmaciens vont perdre sur certains produits, mais ils vont largement se rattraper sur d’autres qui constituent l’essentiel de leurs achats au PF HT.
Les officinaux craignent que la baisse de marge imposée aux grossistes se traduise également par une réduction des remises qu’ils leur accordent ?
C’est un sujet sur lequel la chambre syndicale peut difficilement s’exprimer, car ce n’est pas elle qui fait la politique commerciale de ses adhérents. Néanmoins, ce que j’observe c’est que dans l’équation économique de la répartition, il y a peu d’élasticité et de souplesse en dehors des remises accordées aux pharmaciens.
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