APRÈS l’avion, le train : le voyage, le vrai, commence à la gare de Hanoï. Ambiance Agatha Christie à bord du Victoria Express, avec ses élégantes cabines couchettes et son wagon-restaurant au charme su?ranné. Le train s’ébranle. C’est parti pour dix heures de périple jusqu’à la frontière de la Chine. La capitale défile par la fenêtre, les colonnes de vélos donnent le tournis. Déjà, le tumulte s’éloigne. La brume monte du fleuve. La nuit est tombée, le voyage n’en est que plus pittoresque. Comme hors du temps. Même le parfum d’ambiance, un savant mélange de senteurs concocté par la chaîne Victoria, vous transporte ailleurs. Mais où ? La réponse au petit matin : à Lao Cai. Le sommeil a fini par vous prendre, et c’est tout étonné que vous découvrez l’endroit. La Chine se dresse juste en face.
Le transfert jusqu’à Sapa est assuré en voiture, par la route des rizières. L’homme a sculpté la montagne des siècles durant. À perte de vue, des terrasses, gorgées d’eau, reflètent le ciel. Un chapeau pointu en contrebas laboure à l’aide d’un buffle. Photo carte postale. Au détour d’un virage, un groupe de Hmongs, costumes bariolés et bijoux argentés, apporte une touche de couleur vive dans le paysage. Première rencontre avec une minorité, et sûrement pas la dernière. Une trentaine de minorités ethniques cohabitent à Sapa, ancienne station climatique fondée par les Français en 1922, au cœur des « Alpes tonkinoises ». Hmongs noirs, Hmongs fleurs, Dzaos rouges, Hhaïs, Ha Nhi noirs… Des montagnards à la vie rude.
Rien de tel, pour prendre le pouls de la ville, qu’un tour au marché quotidien, qui s’étale au pied des villas coloniales. Des bijoux, des tissus, des chapeaux, des crabes minuscules, des épices à foison, des scorpions en bocaux et même de la viande de chien (très prisée). Les femmes sont aux affaires, les hommes fument et jouent. Sapa
(37 000 habitants) a connu un boom touristique il y a quelques années, son visage est en train de changer. Le chemin qui mène sur les hauteurs, d’où l’on surplombe les
rizières, est bordé d’échoppes à souvenirs. Les habitants sont analphabètes, mais leurs enfants manient le portable avec brio. Entendre parler de Facebook a quelque chose d’incongru dans ce village où l’eau courante manque dans les maisons. La modernité gagne chaque jour du terrain et il faut se dépêcher pour goûter ce qu’il y reste de traditions.
Les alentours ne manquent pas de charme. Certains paysages ont des allures de Jurassic Park : une rivière sinueuse s’écoule au creux d’une sombre montagne embrumée, le silence est parfait, aucune trace humaine à l’horizon. Pour les emplettes, de solides voitures – le bitume vient parfois à manquer – vous conduiront à Muong Hum et son pittoresque marché (le dimanche). À une heure de Sapa, Lao Chai est le point de départ d’une randonnée au cœur des rizières en terrasses, dans la vallée de Tan Van. L’occasion de traverser une succession de villages peuplés de minorités, vivant du riz et du commerce. De bonnes chaussures sont recommandées : le sol est boueux, et la pluie n’est pas rare. Mais l’excursion est enchanteresse. Et le retour à l’hôtel Victoria de Sapa n’en est que plus apprécié. L’établissement, construit à la façon d’un chalet de montagne traditionnel, dispose d’un spa qui saura vous remettre d’aplomb. Aromathérapie, massage thaï, massage suédois, pierres chaudes, bain de boue : la palette des soins est infinie, ou presque.
Musée vivant.
Les amateurs de détente ne manqueront pour rien au monde la deuxième étape du voyage : Hoi An, posée au bord de la mer de Chine. Il faut quitter Sapa par le train, et prendre un vol intérieur (une heure depuis Hanoï). Hoi An (76 000 habitants) offre un tout autre visage du Vietnam. Cet ancien port a fait fortune grâce au commerce de la soie, des épices et du thé. Devenue une sorte de musée vivant, la vieille ville de Hoi An est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les ruelles, paradis des vélos et des pousse-pousse (les voitures sont interdites), forment un dédale où il fait bon flâner. On y trouve des temples, des pagodes, des maisons chinoises, un pont japonais. Mais aussi des tailleurs qui vous referont votre garde-robe en un temps record. Les vers à soie sont élevés dans l’arrière-boutique. D’autres artisans locaux exposent leur savoir-faire : tissage, peintures, céramiques…
Ne pas manquer, à 50 km au sud de Hoi An, la version vietnamienne d’Angkor : le site archéologique de My Son, ancienne capitale religieuse des Chams, également classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. My Son regroupe 70 édifices de pierre et de brique (tours sanctuaires, pagodes, tombeaux, reliquaires) construits il y a plus de mille ans, vestiges d’une époque révolue. Le dieu Shiva, à l’honneur, est représenté par des statues plutôt bien conservées. Pour découvrir plus avant la culture cham, se rendre au musée cham de Da Nang (30 km au nord de Hoi An), qui renferme 300 objets de grès ou de terre datant pour certains du VIIe siècle.
Difficile de conclure sans évoquer les plaisirs de la table. Raffinée, la cuisine vietnamienne allie saveurs et couleurs pour le plus grand bonheur du voyageur. Les différents restaurants de l’hôtel Victoria de Hoi An en donnent un bon aperçu. Face à la mer et aux barques des pêcheurs, c’est un festin qui se prépare. Raviolis vietnamiens, vermicelles de riz, canard au gingem?bre, brochettes de poulet, nems, nouilles, pousses de soja... Le tout arrosé de thé vert, d’alcool de riz ou de bière locale. Il ne reste qu’un pas à faire pour profiter de la piscine, du spa de l’hôtel (mêmes soins qu’à Sapa), ou pour tout simplement s’étendre sur un transat à l’ombre d’un palmier. Idéal pour contempler la mer azur qui s’étale, ponctuée ici ou là d’un « pain de sucre ». La plage de sable blanc de Hoi An a été classée parmi les dix plus belles plages au monde par un magazine américain.
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