Pour monter l’opération « pharmacie solidaire », quatre associations professionnelles et caritatives ont constitué un tour de table. À savoir, l’association nationale des industries du générique et du biosimilaire (Assogenerici), l’Ordre des pharmaciens italiens (Fofi), l’Institut de médecine solidaire (Imes) et la fondation caritative Banco Farmaceutico qui œuvre contre la pauvreté sanitaire. L’objectif de cette opération est de venir en aide aux plus démunis, à commencer par les sans-abri qui constituent le gros de la « clientèle » de la pharmacie solidaire car ils ne peuvent pas avoir accès à la Sécurité sociale pour des raisons administratives.
À cela s’ajoutent les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté qui doivent renoncer aux soins par manque d’argent. « Notre objectif n’est pas de nous substituer aux institutions, nous voulons au contraire soutenir et stimuler les services de la Sécurité sociale qui doit intervenir auprès de toute la population sans exception », estime Lucia Ercoli, directeur de l’Imes et responsable scientifique du projet de pharmacie solidaire.
Installée dans les locaux de l’association de secours catholique Vo.Re.Co, située au cœur de la Rome antique dans le quartier Trastevere, aujourd’hui l’un des endroits les plus branchés de la capitale, la première pharmacie solidaire ouvre ses portes aux plus défavorisés chaque samedi du mois. « Nous avons déjà installé un dispensaire dans les locaux de notre association et, chaque semaine, nos spécialistes et nos généralistes examinent environ 200 patients qui n’ont pas accès aux circuits de la santé. L’ouverture de la première pharmacie solidaire s’inscrit dans une démarche d’accompagnement sanitaire et de lutte contre la pauvreté qui frappe de plus en plus de personnes », explique le père Vittorio Trani, chef d’orchestre de l’opération et aumônier de la prison Regina Coelli, située à quelques mètres de la pharmacie. « Cette opération s’inscrit dans le code de conduite du pharmacien, qui doit faire preuve de solidarité envers les personnes en difficulté, c’est là l’une des valeurs incontournables de notre profession qui veut jouer un rôle essentiel dans la gestion des crises sanitaires. C’est ce que nous avons fait lors des tremblements et ce que nous faisons aujourd’hui pour les plus démunis qui ne peuvent pas être mis à l’écart par la société », estime pour sa part Andrea Mandelli, président de Fofi.
Tout a commencé en septembre 2018 avec la signature d’un protocole d’entente entre les membres du tour de table. Puis, la constitution d’un fond de médicaments non périmés, offerts par plusieurs laboratoires pharmaceutiques et stockés par une équipe de pharmaciens volontaires dans un entrepôt situé en proche banlieue. En moins d’un an, 9 000 boîtes de médicaments pour un montant global de 88 000 €, ont été récoltées, dont des analgésiques, des antipyrétiques, des antihypertenseurs ou des capsules gastro-intestinales, « les produits les plus courants », note l’un des pharmaciens volontaires en service le samedi. Au total, les médicaments offerts par quelque dix-sept entreprises pharmaceutiques couvrent 32 types de thérapies médicamenteuses selon le premier bilan provisoire brossé par les associations à l’origine de ce projet. « Cet élan de solidarité montre comment les entreprises de secteur peuvent contribuer au bien-être de la société en participant à une alliance entre le troisième secteur, les institutions et l’industrie sans lesquels, le pays pourrait difficilement prendre en charge les plus démunis », relève pour sa part Sergio Daniotti, président de la fondation Banco Farmaceutico.
Pour obtenir gratuitement des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance, les patients doivent d’abord consulter les équipes médicales volontaires des six dispensaires solidaires de l’Imes. Munis de leur prescription, ils peuvent ensuite se rendre dans la pharmacie solidaire. « Le tour de table que nous avons réussi à créer a instauré de fait le principe de l’assistance du début à la fin », explique une infirmière de l’association Vo.Re.Co. À présent, l’idée serait d’ouvrir d’autres pharmacies solidaires, notamment en banlieue. Une opération de plus longue haleine qui nécessitera l’intervention de financements privés.
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