Dans son espace de confidentialité, Brigitte Tran, co-titulaire de la pharmacie Vitton à Lyon, dispose d’un ordinateur, de plusieurs objets connectés (stéthoscope, otoscope et dermatoscope), ainsi que d’appareils de mesures (tensiomètre, balance et thermomètre).
« Nous avons démarré les téléconsultations au mois de décembre, sous l’impulsion de notre groupement, Positive pharma, explique Brigitte Tran. À Lyon, les plannings des médecins généralistes sont pleins plusieurs jours à l’avance et les délais pour une consultation chez un spécialiste se chiffrent en mois, voire en semestres. Même en pleine ville, on se retrouve confrontés à la difficulté d’accès aux soins. Il y avait donc une vraie demande des patients. » La téléconsultation doit s’inscrire dans le parcours de soins du patient : il faut donc passer par son médecin traitant, sauf pour certaines spécialités que le patient peut consulter en accès direct (gynécologue, ophtalmologiste, psychiatre). Si le patient n’a pas de médecin traitant ou si celui-ci n’est pas disponible dans un délai compatible avec son état de santé, une téléconsultation peut lui être proposée.
20 minutes d’attente pour un généraliste
En pratique, la téléconsultation commence par un patient qui vient à la pharmacie sans rendez-vous. Pour déterminer la date et l’heure de la téléconsultation, la pharmacienne se connecte sur le site Medicitus et consulte le planning des médecins disponibles. « Il suffit alors de prendre rendez-vous auprès du médecin de son choix. Il faut compter environ 20 minutes d’attente pour rencontrer un médecin généraliste et 48 heures pour un spécialiste », détaille Brigitte Tran. Pour commencer, la pharmacienne aide le patient à remplir un questionnaire de santé précisant ses antécédents médicaux. Puis, elle se connecte avec le médecin via une Webcam, et la téléconsultation commence. Le médecin pose au patient les mêmes questions qu’il aurait posées à son cabinet. Il peut aussi demander au patient de montrer des parties de son corps via la caméra, comme une plaie ou un bouton. La pharmacienne peut se servir des objets connectés pour permettre au médecin d’entendre le cœur du patient, de regarder dans ses oreilles grâce à l’otoscope ou de vérifier un bouton à l’aide du dermatoscope. « J’avais un patient qui avait un ulcère au niveau de la cuisse. C’était vendredi soir et il ne pouvait pas consulter son médecin traitant. Il est venu à l’officine, nous avons fait une téléconsultation et il est reparti avec une ordonnance pour des antibiotiques, raconte Brigitte Tran. Il faut compter environ 20 à 30 minutes pour une téléconsultation, le temps de s’enregistrer sur la plateforme, d’entrer les antécédents médicaux, de faire les examens, etc. »
Remboursée comme une consultation
La téléconsultation est remboursée comme une consultation classique, prise en charge par l’assurance-maladie à hauteur de 70 % et par les complémentaires santé pour les 30 % restants. Elle est facturée 25 euros pour une consultation avec un généraliste auxquels s’ajoutent 5 euros de frais de téléconsultation pris en charge par l’assurance-maladie. « Par contre, la carte Vitale ne peut pas être lue à distance lors de la téléconsultation, donc le médecin édite une feuille de soins, que le patient transmet ensuite à sa caisse afin d’être remboursé, explique Brigitte Tran. Il y a certaines limites à la téléconsultation : par exemple un patient ne peut pas se faire renouveler de médicaments hypnotiques ni de stupéfiants, ni se faire prescrire un arrêt de travail ou établir un certificat médical. »
« Parmi les consultations déjà réalisées, des grippes, des otites, une entorse de la cheville, une plaie cutanée ou encore un impétigo, énumère Brigitte Tran. Le bouche-à-oreille commence à fonctionner. Cela demande de l’investissement en temps, mais donne une bonne image de la pharmacie, et c’est un service très apprécié. Le retour patient est excellent », assure la pharmacienne qui, pour l'instant, n'est pas encore rémunérée pour le temps passé. « Notre rémunération, aujourd'hui, c'est l'ordonnance. »
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