- Si avec ça, on se tape pas une bonne gastro !
Damien rit jaune en se désinfectant les mains avec une dose de gel hydro-alcoolique. Il doit partir en vacances mi-janvier, au soleil, et n'a aucune envie de reporter son voyage à cause d'une vulgaire infection hivernale.
- De toute façon, gastro ou pas, je monte dans l'avion et je prends la clé des champs. Mais avec toutes les précautions que je prends, ça devrait le faire, non ?, conclut-il en cherchant désespérément un signe approbateur de la part de Gisèle et de Christèle.
- OK, merci les filles. Merci de me soutenir. J'y retourne. Je suis à deux doigts de mettre un masque et des gants pour servir mais je ne suis pas sûr que les clients apprécient la plaisanterie.
- Attends, je viens avec toi, lance Christèle. Gisèle, tu peux faire le plein de lopéramide et de métopimazine. Ça part comme des petits pains depuis ce matin.
Les deux préparateurs repartent vers l'espace clients où une dizaine de patients attend. Ils sont cinq à servir depuis l'ouverture, et la pharmacie ne désemplit pas. Arrivé près de Julien, Damien respire un grand coup et se dit à lui-même :
- Allez, plus qu'une semaine et à moi les plages de palmier ! ... Bonjour Madame, qu'est-ce qu'il vous arrive ? Humm, ça m'a tout l'air d'être une gastro-entérite. Nous sommes en plein dedans.
Damien comme ses partenaires de la pharmacie rabâche le même discours : penser à bien s'hydrater, régulièrement et avec si possible du soluté de réhydratation.
Paracétamol, pansement gastrique, antidiarrhéique, antinauséeux… la matinée se déroule au rythme des plaintes digestives ou des courbatures suggérant un syndrome grippal.
- Et toi aussi tu devrais faire attention. Ce serait dommage de passer sa thèse sur la cuvette des toilettes plutôt que devant le jury, plaisante Damien. C'est pas le moment, comme dit la pub…
Julien doit soutenir sa thèse de docteur en pharmacie dans une semaine.
- Oh, mais je ne compte pas être malade. De toute façon, je ne travaille pas les jours qui arrivent. Si je dois me choper la gastro, ce sera demain tout au plus. En vingt-quatre heures je suis remis, et tout ira pour le mieux.
- Quel optimisme ! Tu as raison…
- Les garçons, il y a du monde qui attend, intervient Juliette.
- C'est pas vrai, ils ne vont pas nous laisser cinq minutes de répit, grommelle Damien en repartant vers le comptoir.
Puis s'adressant à Julien :
- Hep, le petit ! Je sers Madame Ducrois et je te laisse les autres. Au moins, je sais que c'est pour son renouvellement mensuel.
- Mais comme tu veux. Priorité aux anciens, répond ironiquement Julien.
- Bonjour Madame Ducrois, dit Damien à la vieille dame en lui serrant la main. C'est pour votre renouvellement ? Rien de changer ?
- Oh non Damien, c'est gentil. Je reviendrai la semaine prochaine pour mon ordonnance de la tension. Aujourd'hui, je viens surtout parce que mon mari est dérangé. Ça l'a pris hier. Et moi, je commence à avoir mal au ventre aussi. Il y a des gastros en ce moment, mon petit Damien ?
Julien ne peut s'empêcher de sourire en voyant la mine dépitée du préparateur.
(À suivre…)
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