DEPUIS LE DÉBUT de l’année 2009, l’InVS (Institut de veille sanitaire) a enregistré une augmentation de la mortalité toutes causes confondues : + 12 à 15 %, par rapport aux hivers 2006, 2007 et 2008, avec 43 700 décès. La grande majorité (85 %) de ces décès concerne des personnes de plus de 65 ans et ce sont les plus de 85 ans qui sont les plus exposés (diminution du métabolisme de base, mauvaise perception de la température, pathologies chroniques cardio-vasculaires, respiratoires ou endocriniennes préexistantes).
Plusieurs explications sont proposées, en tête desquelles la gravité de la grippe. Après trois épidémies modérées à très modérées, de 2005 à 2008, elle s’apparenterait cette année à celle observée lors de la saison 2004-2005. À ce jour, après huit semaines d’épidémies, 2,6 millions de personnes ont consulté un généraliste pour un syndrome grippal. Bien que le pic ait été atteint dans la semaine du 19 au 24 janvier, le Pr Didier Houssin estime qu’il n’est pas encore trop tard pour se faire vacciner. Le directeur général de la Santé rappelle que 5 millions de personnes avaient été vaccinées fin 2008, un chiffre jugé insuffisant. Ce sont les personnes âgées qui doivent être vaccinées au premier chef, insiste-t-il, ainsi que leur entourage.
Effets retard.
Pour Françoise Weber, directrice générale de l’InVS, cette situation semble aussi corrélée à la situation climatique rigoureuse observée en France comme dans le reste de l’Europe. À partir du 27 décembre, la moitié nord du pays a connu des températures nocturnes qui sont descendues localement jusqu’à -10 degrés. Après un redoux, du 31 décembre au 3 janvier, le froid a lancé à la nouvelle offensive, qui s’est poursuivie jusqu’au 10 janvier. Depuis le 12 janvier, ce sont toutes les régions qui connaissent de nouveau des températures légèrement inférieures aux normales saisonnières. Cette vague de froid, la plus importante depuis l’hiver 1996-1997, reste cependant d’une durée et d’une intensité moindre que celle de l’hiver 1985.
La DGS rappelle les effets retard du froid : il agit avec un décalage de deux à trois jours sur les pathologies cardiovasculaires (insuffisance coronarienne aiguë, troubles du rythme, ou embolies pulmonaires) ; le décalage atteint une à deux semaines pour les accidents vasculaires cérébraux ischémiques, puis les pathologies cardiaques ischémiques. Le délai est plus important encore s’agissant des répercussions sur le système respiratoire (fragilisation de l’épithélium pulmonaire, favorisant le développement d’infections bronchopulmonaires).
L’attention doit aussi être portée sur les conséquences indirectes du froid et des intempéries, en tête desquelles les intoxications par le monoxyde de carbone, en particulier après la tempête qui a affecté le Sud-Ouest dans la nuit du 24 au 25 janvier, faisant 7 morts, 9 blessés graves et 48 blessés légers. Dans les régions Aquitaine, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, 138 épisodes d’intoxication ont été dénombrés, qui ont impliqué 421 intoxiqués. En quatre jours, ce bilan aura atteint l’incidence habituellement observée au cours d’une année dans ces trois régions. Plus de 70 % des cas ont été associés à l’utilisation de groupes électrogènes, par suite des ruptures d’alimentation électrique.
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