« JE SUIS TOMBÉE clairement amoureuse de ce quartier », clame Carine Wolf, pharmacienne à la Grand Mare, à Rouen (Seine Maritime). À tel point que ce « cadre supérieur, qui, à 40 ans quitte Paris et l’industrie pour atterrir, en octobre 2007, par hasard et sans a priori derrière le comptoir d’une officine rouennaise », a même fini par emménager dans le quartier en juin 2009. La Grand Mare, sur les Hauts de Rouen, était pourtant, en 2007, en plein chantier, en pleine réhabilitation et même en zone franche depuis 2001 : « Un quartier abandonné, en vraie souffrance, une zone de non droit, de violence » se rappelle la titulaire.
Arrivant « avec un œil neuf », la pharmacienne n’est pas du tout rouennaise, mais voit autour d’elle des gens qui veulent agir. Carine Wolf a un principe : « Si on n’est pas une part de la solution, on est une part du problème ». Par nature, elle a toujours préféré être « partie prenante et acteur, que spectateur ». Elle prend contact avec les commerçants, réactive leur union, les amène à organiser des animations, à Noël, à Pâques, « toujours un peu autour des enfants ».
Écoute et main tendue.
L’officinale écoute aussi, depuis son comptoir, la détresse des mères. La « cadre sup’ parisienne » apprend que « certaines choses se passent dans son quartier, qui ne se voit pas seulement à la télé ». Comme ces jeunes qui dealent et squattent le porche jouxtant la pharmacie : « Ils gagnent plus que moi avec leurs trafics, comment leur faire admettre l’idée du travail, de se lever le matin ? » Carine Wolf établit le lien avec eux. De fil en aiguille, elle participe au conseil de quartier, au conseil d’administration du collège, aux maisons des jeunes, au comité de sécurité.
Elle présente à Valérie Fourneyron, députée et maire de Rouen, des projets pour la promotion de la santé dans le quartier. « Une élue qui est aussi médecin, une femme sensible ». Le quartier évolue : des barres d’immeubles sont rasées, le centre commercial où se trouve l’officine est remodelé, Carine Wolf investit 2 millions d’euros pour transférer son officine 20 mètres plus loin, et passer ainsi de 170 à 260 m2.
Loin des sphères parisiennes.
L’ex-cadre sup’ connaît tout de la Grand Mare, elle en raconte l’histoire, les gens. Elle a aussi embauché deux jeunes du quartier. « Je vivais dans des sphères parisiennes, à Rouen j’ai découvert la vie. Rouen est le cœur de la vie, affirme-t-elle avec passion. Il y a tout ici, il manquait le liant pour que tout fonctionne, ensemble. Déjà, l’image du quartier change. Je me suis donnée, mais je ne saurais rien faire à moitié ». Pas dupe, la pharmacienne n’ignore pas les « appels du pied » de certains responsables politiques. Elle convient que « ça lui a traversé l’esprit », mais préfère rester une professionnelle de santé engagée dans son quartier.
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