M. ÉMÉLIEN a quitté ses fonctions pour faire la promotion d'un livre qu'il vient de publier. On pourrait s'offusquer d'une déclaration crue qui peut avoir pour effet d'affaiblir la position du président de la République, lequel fait déjà l'objet d'un tir à boulets rouges de toutes les oppositions. Il y a tout de même une vérité douloureuse dans ses propos. À laquelle il serait utile d'ajouter que le soutien d'une minorité de l'opinion à l'action d'Emmanuel Macron n'a rien à voir avec le culte de la personnalité, et tout à voir avec la nécessité de redresser le pays.
M. Émélien pousse la cruauté (involontaire ?) jusqu'à dire que M. Macron pourrait bien faire l'expérience de François Hollande qui, le 1er novembre 2016, a jugé qu'il était devenu trop impopulaire pour pouvoir se présenter de nouveau. Sont-ce des choses à dire ? M. Émélien s'est empressé d'ajouter que M. Macron ne pense pas à 2022, mais que son action est toute tournée « vers ici et maintenant ». Voilà qui réconfortera un peu les macronistes. Décidément, le président n'a pas beaucoup de chance, qui se voit quelque peu malmené par un ancien conseiller, lequel, malgré la mêlée politique régnant dans ce pays, n'hésite pas, non sans maladresse, à jeter de l'huile sur le feu. Mais encore une fois, la question est posée et si le président s'est bien gardé d'y répondre, il la connaît fort bien et il y consacre une bonne partie de sa réflexion.
Il ne serait d'ailleurs nullement surprenant que le chef de l'État, constamment attaqué par la droite et par la gauche pour tout ce qu'il dit, pense, ou essaie de faire, ne soit pas déjà exténué, après deux années d'exercice du pouvoir dans un paysage politique en proie aux pires divisions. Ce qui nous arrive, à nous Français, ressemble, à cet égard, à ce qui arrive aux autres. Personne ne peut féliciter les Italiens d'avoir choisi un gouvernement populiste et néo-fasciste, ni les Britanniques de s'être engagés dans cet enfer qu'est le Brexit, ni les Américains (ou les Brésiliens) d'avoir pris un clown comme président. Nous, nous avons les gilets jaunes, et ce n'est pas moins grave. C'est le signe des temps, l'aspiration désormais universelle au dégagisme. M. Macron n'est d'ailleurs arrivé au pouvoir que parce qu'il incarnait, à sa manière, le dégagisme et qu'il s'est entouré de jeunes gens, souvent sympathiques, qui semblaient, au premier instant, assurer la relève.
Trois rendez-vous électoraux
Voilà que bon nombre de Français souhaitent répéter l'expérience avant même que le mandat ne parvienne à son terme. Mais à force de dégager les élus et a fortiori les présidents, on n'aura plus beaucoup de compétences pour gérer le pays. Qu'à cela ne tienne, les gilets jaunes ont un avis sur tout et nous disent pourquoi il faut que M. Macron s'en aille, pourquoi il faut dissoudre l'Assemblée, pourquoi il faut changer de République. On reproche au président de diffuser l'idée de « moi ou le chaos », mais il n'a jamais prononcé cette phrase et, s'il est vrai que Marine Le Pen est à la fois sa rivale numéro un et sa chance, son projet se situe bien au-delà de la lutte contre la régression de la démocratie. Il tente de réformer un pays qui a besoin de se guérir de ses scléroses, et il le fait sincèrement, et aussi avec réalisme, sinon avec les mots qu'il faut.
Le peuple français, qui est écœuré par la politique, est pourtant engagé dans trois rendez-vous électoraux d'une cruciale importance. On nous dira ce qu'on voudra, notamment sur la nécessité de casser les institutions, ou de faire table rase pour reconstruire une autre démocratie. Pour ma part, je continue à croire que nous disposons de tous les instruments institutionnels pour garantir la liberté et l'égalité. Que d'aucuns se prennent pour des martyrs et ignorent délibérément l'effort social dont ils bénéficient en espèces sonnantes et trébuchantes représente simplement une forfaiture. Ils devraient se comparer à d'autres peuples pour se consoler. Quant à Macron, s'il fait le gros des réformes annoncées, il y a tout lieu de croire que les forces ultra-conservatrices de ce pays le lui feront payer. Mais qu'importe son sort personnel, fût-il injuste, si la France finit par émerger ?
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