LES PLUS RÉCENTS sondages indiquent une remontée de François Hollande au premier tour et confirment sa large victoire au second. On constate que, dans les enquêtes d’opinion, la campagne n’a modifié la rapport droite-gauche qu’à la marge, que la percée de Jean-Luc Mélenchon est terminée, que Marine Le Pen remonte à la dernière minute et que seul François Bayrou a souffert de la confrontation, puisqu’il se situe maintenant à environ 10 ou 11%, son point de départ. Un peu comme si tout était écrit.
Dans l’un de ses coups de boutoir de fin de campagne, Nicolas Sarkozy s’est imprudemment emparé de la crise espagnole pour en faire l’épouvantail capable d’ôter l’envie de voter pour M. Hollande. Si les Français choisissent la gauche, explique-t-il, la France deviendra une Grèce ou une Espagne. Ce n’est pas impossible, mais l’argument réduit le droit de vote à néant.
Le président sortant aurait pu, tout aussi bien, dénoncer plutôt les allers-retours du candidat socialiste qui, après avoir annoncé une renégociation du pacte européen de stabilité, ne parle plus que d’un aménagement. Une étude toute récente montre que, depuis 1871, le rendement des marchés est plus élevé quand la gauche est au pouvoir, moins élevé quand c’est la droite. On peut comprendre qu’un candidat cède à la démagogie à cause du stress de la campagne. Rien ne lui interdit de faire des exposés plus subtils. La vraie question ne porte pas sur l’impact économique de l’avènement de la gauche. Elle porte sur son programme. M. Hollande dit qu’il s’inspire de François Mitterrand, cela donne au peuple à boire et à manger. Mais nous ne sommes plus en 1981. Nous sommes dans l’Union européenne et nous sommes dans l’euro. Nous venons de subir, comme toute l’Europe, le double coup d’une crise financière suivie par une crise économique et sociale.
M. Sarkozy pouvait parfaitement, il le peut encore, montrer sans mentir que, depuis 2010, il a engagé la France dans une réduction lente mais significative de ses déficits publics et que si cet effort est interrompu, ne fût-ce qu’une année, la dette repartira à la hausse. Qu’il faut donc persévérer. Que de nouvelles dépenses doivent être exclues. Qu’il ne suffit pas d’augmenter les impôts, il faut diminuer la dépense publique, de dix points plus élevée que la moyenne européenne. D’ailleurs les marchés, pour ce qu’ils valent et en dépit de la colère qu’ils inspirent, reconnaissent les efforts du gouvernement actuel. Ce n’est pas parce que « the Economist » dénonce un déni national de la réalité, une campagne qui ne parle pas des vrais sujets, ou le silence des candidats sur ce qui nous attend, ce n’est pas parce que Jacques Attali nous annonce le pire, ce n’est pas parce qu’il existe dans ce pays une guerre civile des mots, et pas seulement lors de la campagne électorale, qu’on ne peut pas expliquer tranquillement que, dans la recherche d’un équilibre entre réduction de la dépense, hausse de la pression fiscale, maintien de l’essentiel de la protection sociale, le gouvernement sortant a adopté une démarche de bon sens et relativement efficace.
Supplices grecs.
M. Sarkozy n’avait pas besoin d’un malheur espagnol pour se faire valoir auprès de l’électorat. Il a indigné les Espagnols. Il a peur de son bilan et il a peur de l’image qu’il donne de lui-même, de sorte que, lorsque, enfin, il parle du sujet français numéro un, il sombre, une fois de plus, dans l’attaque ad hominem ou la démagogie. La crise des taux d’intérêt en Espagne et en Italie est probablement un incident de parcours : le président du Conseil italien, Mario Monti, est porté aux nues par les Italiens et, ce qui ne gâte rien, par les Allemands et les marchés. Le nouveau chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, s’est fait élire parce que ses concitoyens étaient lassés de la complaisance de son prédécesseur, Juan Luis Zapatero, pour la dépense et la générosité sociale. Pendant sa campagne, M. Rajoy n’a rien dit des supplices à la grecque qu’il allait infliger à son peuple.
De la même manière, M. Hollande, pendant toute la campagne, a fait ce qu’a fait M. Rajoy : aucune mention des sacrifices, 100 % d’antisarkozysme. Il jure néanmoins qu’il saura assurer la réduction des déficits, la croissance, la protection sociale. En somme, qu’il tiendra parole sur la base de ses promesses électorales. C’est magique.
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