Ce constat peut être dressé aux Etats-Unis où un forme de despotisme inintelligent et capricieux s'est emparé du pouvoir et bouleverse leurs rapports avec leurs principaux alliés, que Donald Trump présente aujourd'hui comme des adversaires, leur préférant paradoxalement les dictatures chinoise et russe. Il l'est également en Italie, où l'extrême droite a réussi pratiquement à dicter ses conditions à tous ses partenaires européens pour la gestion de l'immigration. Il l'est en Allemagne, où la CSU, membre bavarois de la coalition au pouvoir, a exercé avec succès un chantage sur Angela Merkel, là aussi au sujet de l'immigration. Il l'est à à Bruxelles où l'Union européenne a entériné un plan pour les migrants largement inspiré par l'Italie.
Ce qui est soudainement apparu avec une clarté insoutenable, c'est que l'Union européenne, à cause de l'ascension de l'extrême droite et pour l'empêcher de poursuivre sa progression, a adopté partiellement son point de vue. De sorte que là où les partis extrêmes n'ont pas le pouvoir, ils l'influencent à leur gré. Quel sera le résultat de ce rejet des migrants en Europe et, bien entendu, en Amérique, sinon des conditions d'accueil de plus en plus sévères, des reconduites à la frontière, des expulsions vers l'Afrique ? Il se trouve cependant que, au moment où triomphe la démagogie, celle qui n'a cessé d'agiter l'épouvantail du « grand remplacement », le flux migratoire a fortement diminué en 2018. La crise reste terrible pour les clandestins qui périssent en Méditerranée ou errent sur des bateaux à la recherche désespérée d'un port accueillant, elle n'est plus un problème pour les Etats européens.
Pourquoi ? Parce que, depuis la grande crise de 2015, l'Union européenne a conclu un pacte avec la Turquie, moyennant de grosses sommes, pour qu'elle garde sur son territoire trois millions de réfugiés venus de Syrie. Parce que les candidats à l'exil ont peut être pris conscience du fait qu'ils n'étaient pas les bienvenus ou qu'ils prennent des risques insensés en faisant le voyage. Parce que, enfin, la Russie a permis à Bachar Al-Assad de remporter la guerre civile, laquelle touche à sa fin après plusieurs massacres de civils dans les zones tenues jusqu'à présent par des dissidents. Déjà, en Jordanie, où des camps abritent des centaines de milliers de réfugiés syriens, il n'est question que de rentrer en Syrie. Après 400 000 morts, des destructions indescriptibles et la fuite de plusieurs millions de personnes, la pax putina fait de Bachar le grand vainqueur de la guerre et c'est tout juste si nos démocraties ne poussent pas un soupir de soulagement.
Menace sur la sécurité européenne
C'est Erdogan, c'est Poutine, c'est Bachar qui mènent le bal et qui tirent le plus grand profit de l'affaiblissement de l'Europe, de l'indifférence, ou même de la complicité, de Donald Trump. Sans compter que le Brexit, d'inspiration purement populiste, fondé sur une série de mensonges, a porté un coup terrible au projet d'union. L'Europe démocratique, l'Europe qui s'est unie pour prévenir tout conflit militaire, l'Europe qui n'aurait aucun mal à devenir une superpuissance est menacée de l'intérieur et de l'extérieur. Elle ne parvient pas, en effet, à se battre sur plusieurs fronts, la concurrence ou la victoire des extrêmes en Autriche, en Italie et, d'une certaine façon en Allemagne ; la menace d'une Russie qui annexe la Crimée, affaiblit l'Ukraine et se retourne avec fureur contre nos sanctions ; l'imprévisibilité d'un Trump, prêt à céder sur l'Ukraine et hostile à l'Otan, bien qu'il sache que c'en serait fini de la sécurité européenne si les Etats-Unis se retiraient précipitamment de l'Organisation atlantique.
L'espoir serait permis si tous les régimes européens dansaient au même rythme. Mais ce n'est pas le cas. Ce qui nous oppose aux Italiens ou aux Autrichiens d'aujourd'hui est, sur le plan de l'intégration européenne, encore plus grave que les menaces venues de Moscou ou de Washington. Si nos orientations politiques divergent, comment pourrions-nous former une force respectée ?
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