« C’EST À LA FOIS simple et délicat ». Pour Pierre Jegou, responsable technico-commercial zone Grand Ouest de l’agenceur JCDA, la climatisation en elle-même ne pose guère de problème au plan technologique, c’est sa place dans le bâtiment qui peut se révéler complexe. En effet, qui dit climatisation dit automatiquement un groupe extérieur, un condenseur permettant de pulser de l’air dans le local que l’on veut climatiser. Ce groupe prend de la place et n’est pas toujours facile à installer, notamment en milieu urbain et pour peu que la pharmacie se trouve dans un immeuble sans espace où installer ledit groupe extérieur, ou même lorsqu’il existe, que les co-propriétaires s’y opposent, cela peut devenir un vrai casse-tête. D’où la nécessité de travailler avec un architecte en amont afin de résoudre ce type de difficulté. Ce qui est du reste naturel car la climatisation est souvent un projet intégré dans le cadre d’une création ou d’un réaménagement d’une officine, elle est rarement entreprise indépendamment d’autres travaux.
De nombreux paramètres.
De fait, nombreux sont les installateurs spécialisés à travailler en partenariat avec des architectes et des maîtres d’œuvre. « Les contraintes architecturales sont importantes, le bâtiment, l’isolation, le débit sonore à respecter, éventuellement l’aération des caves si on doit y installer le groupe extérieur » évoque Clotilde Hochart, responsable qualité de Dôle Froid Services, un climaticien installé dans le Jura. « Sans parler des cas où l’officine se trouve en zone historiquement protégée. » Au-delà même de ces contraintes extérieures, climatiser un espace nécessite de prendre en compte de nombreux paramètres : son volume (sa surface et la hauteur de ses plafonds), son orientation, sa surface vitrée etc… Alors seulement certains choix seront faits. « Pour de hauts plafonds, il faut de la puissance, il faut aussi une juste répartition dans l’espace et éviter de poser les appareils derrière le personnel par exemple » illustre Pierre Jegou.
Une fois réglées les problématiques architecturales, les choix qui restent à faire ne sont pas légions. « La plupart des systèmes sont des pompes à chaleur réversibles, qui servent donc aussi bien de chauffage l’hiver que de climatisation l’été » précise Clotilde Hochart. Cette technologie réversible semble être en effet privilégiée si l’on en croit les acteurs du marché de la climatisation, à la fois pour des raisons pratiques et économiques, puisqu’elle est susceptible de moins consommer, si l’on considère la facture liée au chauffage traditionnel. Autre caractéristique de plus en plus courante des systèmes de climatisation, une meilleure rationalisation de la consommation à travers la technologie dite « Inverter ». « Cette technologie s’adapte en temps réel aux charges climatiques d’un espace donné » explique ainsi Michel Rembaud, chef produit marketing du secteur tertiaire chez Daikin, l’un des grands fabricants de climatiseurs. La technologie classique fonctionne selon le tout ou rien et ne permet pas de s’adapter aux conditions réelles de chaleur dans une pharmacie ou tout autre commerce, tandis que le système Inverter compense automatiquement les variations de température. Un plus grand confort, certes, mais aussi un meilleur contrôle de la consommation. « Pour un kwH consommé, 3 à 4 kWh peuvent être restitués » ajoute Michel Rembaud. Ce ratio d’un kWh consommé pour quatre kW restitués est souvent avancé par les acteurs de la climatisation comme étant une référence pour estimer une juste consommation. Autre avantage avancé de la technologie Inverter, un mode de fonctionnement plus silencieux, élément essentiel dans le choix fait par les clients selon Frédéric Verdejo, responsable commercial chez Panasonic Climatisation, autre grand fabricant de climatiseurs. L’avantage de ces technologies est aussi d’être de moins en moins visibles. Certes, l’usage de cassettes est encore très courant, mais grâce aux faux plafonds, elles disparaissent et ne se laissent plus qu’une grille à la vision des clients. Elles sont reliées par un système de gaines au groupe extérieur qui les alimentent.
Purification de l’air.
Mais si leurs performances semblent s’améliorer, elles ne permettent pas toujours de résoudre à elles seules certains problèmes liés à la purification de l’air. Certes, la climatisation le rafraîchit, mais est-ce qu’elle le purifie ? Il y a beaucoup de poussière dans les pharmacies et il peut être nécessaire, selon la volonté du titulaire, d’aller au-delà de la climatisation. C’est ainsi que Daikin propose une option de filtre autonettoyant, « sans laquelle il est nécessaire de démonter la façade de la cassette environ deux fois par an » estime Michel Rembaud. Panasonic a développé de son côté un système de purification d’air. « Un système d’ionisation permet d’attirer poussière et mauvaises odeurs et éviter ainsi de laisser des bactéries dans l’air » explique Frédéric Verdejo. Un système qui fonctionne pour un espace d’environ 30 à 40 m2. Ces systèmes peuvent répondre partiellement aux préoccupations environnementales qui se font jour, car si les systèmes de climatisation rafraîchissent, on sait aussi qu’ils polluent beaucoup. L’air climatisé est rendu responsable de certaines pathologies, notamment allergènes, et les climatiseurs utilisent et rejettent des matières elles-mêmes polluantes, même si celles-ci sont de plus en plus contrôlées (voir encadré ci-contre). « C’est vrai que la climatisation est devenue un élément de confort quasi-systématique » analyse Bernard Wagner, directeur de l’agence Univers Delta Pharma, « mais il est temps de réfléchir à une autre manière de faire pour respecter les normes du développement durable qui s’imposent petit à petit dans la société. » Certes, les matériels des fabricants tendent à être de plus en plus écologiques dans la mesure où ils consomment de moins en moins, mais cela ne suffira pas, explique-t-il en substance. « Il faudrait d’abord se poser plus souvent la question de savoir si la climatisation est nécessaire compte tenu de la région où la pharmacie se trouve, son orientation et son degré d’ensoleillement. Et par ailleurs, il existe de plus en plus d’alternatives à la climatisation, en travaillant l’isolation et la ventilation, comme par exemple, quand c’est possible, des bulles qui s’ouvrent sur un toit plat. »
Entre 15 000 et 20 000 € pour 100 m2.
Il y a d’autant plus matière à réfléchir que le budget consacré à la climatisation est l’un des plus importants dans tout projet de création ou rénovation d’officine. Bernard Wagner l’évalue entre 15 000 et 20 000 € pour une surface moyenne de 100 m2. Il dépend bien sûr des volumes et des surfaces à traiter, mais aussi du profil des intervenants et de ce point de vue, chacun y va de son avertissement. Pierre Mayelle rappelle ainsi que les agenceurs ont leur commission et que les climaticiens peuvent pratiquer des prix fort différents pour un même travail. « Sur un devis précis, deux intervenants affichaient 1 200 € de différence pour une même prestation » évoque-t-il. De même le choix de la marque est important, « nous écartons d’office les marques improbables » affirme ainsi Bernard Wagner et Pierre Mayelle préfère également se cantonner aux cinq principales marques du marché, toutes asiatiques. Le choix de l’installateur est également important car c’est lui qui proposera le contrat de maintenance, essentiel en matière de climatisation car l’entretien en est très réglementé. Les tarifs de ces contrats sont très variables et dépendent de la configuration de l’espace commercial et de l’équipement.
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